France

Chantera, chantera pas ? Polémique autour de la Marseillaise en Corse

L'incertitude sur l'interprétation de la Marseillaise en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre avant le derby entre le Sporting club de Bastia (L1) et le Gazélec d'Ajaccio samedi soir a provoqué une vive polémique.

Dans un communiqué du Sporting vendredi, le club a détaillé le programme prévu pour la soirée de samedi au stade Armand Cesari de Furiani, où le décès d'un éducateur du club, sans lien avec les attentats, devait être associé à l'hommage qui rendu aux 130 victimes des attentats de Paris. 

Mais en dépit des instructions de Frédéric Thiriez, le président de la Ligue professionnelle de football (LFP), d'interpréter l'hymne national avant tous les matches de championnat, le communiqué ne faisait aucune mention de la Marseillaise.

La publication de ce programme a été interprétée comme un refus du Sporting club de Bastia (SCB) de faire chanter la Marseillaise aux supporters alors que des sources du club affirment que rien n'était encore décidé vendredi soir.

Ces mêmes sources estimaient que le club était obligé de jouer la Marseillaise à Furiani, au risque de se retrouver pointé du doigt comme le seul stade, en France, où l'hymne national n'a pas retenti, sachant qu'ils est même joué dans les stades espagnols ou italiens.

Dans le programme diffusé figure en revanche l'hymne national corse, dédié à la Vierge, le «Dio Vi Salve Regina» (Dieu bénissez la Reine), dont le club rappelle qu'il est aussi «un chant sacré par lequel depuis des siècles la Corse rend hommage aux défunts, en accompagnant leurs familles dans le deuil et dans la douleur».

«Le comble de la barbarie a été atteint à Paris (...) Le SCB s'incline devant la mémoire des disparus et tient à apporter son soutien à tous ceux qui souffrent encore aujourd'hui dans leur chair et dans leur âme», a souligné le club sur son site internet en annonçant «un hommage collectif».

Cet hommage prévoit également le déploiement de banderoles, un lâcher de ballons blancs et le port d'un brassard noir par tous les joueurs.

Le maire nationaliste de Bastia, Gilles Simeoni, a pour sa part clairement position pour que la Marseillaise rententisse, estimant, dans un communiqué, qu'«il n'y a pas de place pour la polémique ou l'instrumentalisation dans des moments pareils».

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«Partout dans le monde, faire résonner La Marseillaise sera considéré, non comme l'expression d'une appartenance partisane, mais comme une façon de communier dans cet hommage, par delà les différences, les oppositions, voire les conflits», a-t-il ajouté.

Dans le même temps, des graffitis dénonçant la prise de position du maire, également chef de file de la liste nationaliste Femu a Corsica (Faisons la Corse) aux élections territoriales, ont été tracés sur la façade de la mairie de Bastia dans la nuit de vendredi à samedi.

«Vergogna A Voi !» (Honte à vous), «Tristi Iè, Francesi Mai» (Tristes oui, Français jamais), «Dolu Francesu Dolu Naziunalistu» (Deuil français deuil nationaliste), a-t-il été écrit à la peinture rouge sur la mairie de la ville.

Le député-maire (LR) d'Ajaccio, Laurent Marcangeli, a aussi pris position en faveur de la diffusion de La Marseillaise, déplorant sur la radio RCFM que «le stade de Furiani soit le seul de France» où pourrait ne pas résonner la Marseillaise.

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