Les démantèlements de squats et de campements se poursuivent à Paris. Le 12 décembre, dans le XIXe arrondissement de la capitale française, les forces de l’ordre ont évacué un campement de migrants à proximité du boulevard périphérique.
«Cent personnes ont été prises en charge et orientées vers des structures d’accueil temporaires», a déclaré la préfecture de la région d'Île-de-France (Prif), en charge de ces opérations, dans un communiqué commun avec la préfecture de police de Paris.
Toutefois, la majorité des habitants du campement auraient refusé d’être évacués vers des «sas» régionaux, en dehors de la capitale.
«Environ 80 personnes ont refusé d'être orientées en région compte tenu de leurs attaches en IDF», a déclaré sur X (anciennement Twitter) le Collectif accès au droit, publiant des photos de l’intervention de police. «Elles auront une prise en charge d'une semaine seulement», a-t-il précisé. Avant d’ajouter : «Rien par contre pour 30 mineurs non accompagnés qui dormiront encore dehors ce soir.»
Parmi ces personnes, 16 auraient finalement accepté d'être transférées vers le «sas» de Strasbourg et 84 autres auraient été placées dans un centre d'accueil en région parisienne, a indiqué à l'AFP Paul Alauzy, coordinateur de la mission Médecins du monde, une ONG qui intervenait sur le site.
Des associations dénoncent un «nettoyage social»
«Si les personnes refusent de monter dans le bus alors qu’elles vivent dans des campements de fortune aussi misérables qu’ici, c’est qu’il y a un problème avec la destination des bus», a-t-il insisté. «Les migrants savent qu’à Paris ils sont visibles et ont une facilité pour trouver du travail», précisait ce 13 décembre sur CNews la journaliste Nadia Bey, quand son confrère Éric Morillot s’indignait que l’«on cache la misère».
L’opération du 12 décembre est, cette année, la trente-cinquième du genre dans la capitale, avec «plus de 6 443 personnes» qui ont été mises à l'abri, précise le communiqué préfectoral. «Chaque nuit, ce sont plus de 120 000 personnes en situation de précarité qui bénéficient d’une prise en charge par l’État au titre de l’hébergement» en Île-de-France, assure la même source.
Mi-mars, le gouvernement avait ouvert dix «sas d’accueil temporaires régionaux» afin de «désengorger» les centres d’hébergement franciliens. Depuis des mois, des associations dénoncent un «nettoyage social» de l’Île-de-France, dans la perspective des Jeux de Paris 2024. «Le lien supposé avec les JO [de Paris] était justement sur toutes les lèvres lors de l’évacuation d’Unibéton le 26 avril», relatait début mai le média en ligne Bondy Blog. Ce squat, dans une ancienne cimenterie de l’Île-Saint-Denis, était situé «à deux pas du futur village» devant accueillir les athlètes olympiques.