France

La fin de la Résistance : l’anglais n’est plus l’ennemi du français

La ministre française de la Culture Fleur Pellerin a dit qu’elle ne croyait pas que le français aurait besoin d’être protégé des influences extérieures, y compris de l’anglais.

Fleur Pellerin a dit à The Local que la France devait se rendre compte du «monde dans lequel nous vivons» et que le français ne fait que «s’enrichir des influences étrangères».

«Ce qu’il nous faut, c’est une approche dynamique. Bien sûr, je voudrais protéger le français», a déclaré la ministre, avant d’ajouter qu’il était inutile d’essayer de minimiser l’influence extérieure.

«Nous devons comprendre le monde dans lequel nous vivons et que notre langue s’enrichit des influences étrangères», a ajouté Fleur Pellerin, qui parle couramment anglais et allemand.

La ministre a dit qu’elle n’était pas une «fanatique» comme l’Académie française, le défenseur de ceux qui pensent que le français est menacé, malgré le fait que la jeunesse et les hommes d’affaires utilisent couramment les mots anglais dans leurs conversations de tous les jours.

«L’anglais m’a toujours fasciné parce qu’il est si facile de créer de nouveaux mots où de lier deux mot pour en créer un nouveau», a-t-elle avoué, en ajoutant que son mot anglais favori était serendipity [une agréable surprise ou une capacité de faire d’agréables découvertes].

«Je veux que le français soit une langue vivante. Aujourd’hui, il y a près de 250 millions de francophones dans le monde, et dans 30 ans, il y en aura 700 millions, principalement en Afrique du Nord», a souligné la ministre qui a tenu ces propos lors d’un événement préparant le lancement de la Semaine de la langue française et de la francophonie qui commencera le samedi 14 mars.

«Le français n'est pas en danger et ma responsabilité de ministre n'est pas de dresser des digues inefficaces contre les langues, mais de donner à tous nos concitoyens les moyens de la faire vivre», a-t-elle expliqué.

La protection de la langue en France a toujours été une question largement discutée. On peut citer les efforts pour remplacer les emprunts faits à l’anglais par de nouvelles créations françaises. Comme ça, email devient courriel et hashtag se transforme en «mot-dièse».

Plusieurs académiciens sont pourtant plutôt d’accord avec la ministre. Alain Rey, l’auteur d’un dictionnaire de l’Histoire du français et membre de la Commission générale de terminologie et de néologie, estime que les efforts déployés pour éviter l’adoption de mots largement usités étaient étranges et dénués de sens.

Le défi est maintenant de persuader l’opinion publique française que les influences extérieures ne représentent pas de danger. Au fait, le mot anglais challenge vient de l’ancien français «chalonge», avant qu’il ne soit récupéré par l’anglais explique Alain Rey.