«Une faute politique impardonnable» et une atteinte à la «séparation des Églises et de l’État», selon Manuel Bompard : du côté de La France insoumise, les réactions ont été vives au lendemain de l'allumage par un rabbin d'un chandelier de Hanouka, le 7 décembre au soir à l'Élysée, en la présence d'Emmanuel Macron.
Le député François Ruffin a écrit pour sa part sur X (ex-Twitter) : «Hanouka à l'Élysée ! Bientôt Pâques, l'Aïd ? Et on demandera aux enseignants d'expliquer la laïcité à nos enfants...».
L’ensemble des cadres insoumis ont dénoncé cette fête religieuse à l’Élysée mais le fondateur du parti Jean-Luc Mélenchon, au cœur d’une polémique avec la journaliste Ruth Elkrief, s’est pour l'heure gardé d’évoquer le sujet.
Comment ensuite enseigner la laïcité à la française ?
Sandrine Rousseau d’Europe Écologie-Les Verts a, pour sa part, estimé sur le réseau social X qu’il «était possible de soutenir la communauté juive de France sans qu’une fête religieuse entre à l’Élysée». Et de s’insurger contre un geste qui selon elle «participe du trouble et du ressentiment islamophobe» après l’affaire de l’abaya.
Chez les socialistes, le député Jérôme Guedj estime que ce geste va rendre compliqué l’apprentissage de la laïcité auprès des lycéens. Et de ponctuer son message par la formule : «Je ne vous dis pas merci, monsieur le président.»
Macron avait refusé de participer à la marche contre l'antisémitisme
Une partie de la droite a également dénoncé l’attitude présidentielle. Le président de l’Association des maires de France, le Républicain David Lisnard, a ainsi établi une comparaison entre le refus présidentiel de participer à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre dernier et cette célébration d’une fête religieuse à l’Élysée.
Le porte-parole du Rassemblement national Laurent Jacobelli s’est montré prudent le soir même sur BFM TV en admettant que ces images du président pouvaient «étonner». «En ne participant pas à la marche contre l’antisémitisme, Macron a envoyé un signe trouble à nos compatriotes de confession juive», a-t-il ajouté.
Le geste du président a également été inégalement perçu dans la communauté juive. Ainsi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi a estimé ce 8 décembre au matin sur les ondes de Sud Radio que le président Macron avait «commis une erreur» et que ce n'était «pas la place au sein de l'Élysée d'allumer une bougie de Hanouka parce que l'ADN républicain c'est de se tenir loin de tout ce qui est religieux».
D’autres personnalités israélites ont aussi fait montre de scepticisme après cet incident. «Les Français juifs ont besoin de République, pas de Hanouka à l’Élysée», a ainsi estimé Anne Rosencher, directrice déléguée de la rédaction de L’Express.
Le gouvernement sur la défensive
Face à une critique presque unanime du paysage politique et médiatique, quelques ministres ont tenu à défendre le président. Agnès Pannier-Runacher a ainsi expliqué sur le plateau de CNews qu’il n’y avait «absolument aucune ambiguïté sur le combat du président et du gouvernement sur la laïcité», avant de rappeler que le président s’était vu remettre un prix contre l’antisémitisme au cours de la soirée.
Gérald Darmanin a lui été interrogé sur France Info en sa qualité de ministre chargé des cultes. Il a estimé qu’il n'y avait «nulle violation de la laïcité», cette dernière n'étant «pas la négation des religions». «Nos compatriotes juifs subissent un antisémitisme éhonté dans notre société», a-t-il ensuite souligné.