France

En manque de soutien, les Restos du cœur pourraient mettre la clef sous la porte d’ici trois ans

Le président des Restos du cœur, Patrice Douret, a alerté sur les difficultés auxquelles fait face l’association. Il a trouvé le soutien des oppositions, alors que la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, a tenté de rassurer.

«Si on ne fait rien, même les Restos du cœur pourraient mettre la clef sous la porte d’ici trois ans» : lors du journal de 13h de TF1 le 3 septembre, le président des Restos du cœur Patrice Douret s’est montré très inquiet, regrettant de ne pas être assez «pris au sérieux». 

L'inflation se fait sentir

Jamais en 40 ans les Restos du cœur n'avaient accueilli autant de monde : cette année, 1,3 million de personnes ont frappé à sa porte, contre 1,1 million en 2022. L’association a rapporté qu’elle devrait éconduire 150 000 personnes réclamant de l’aide alimentaire et le président de l’association a également confié qu’il était question de «réduire les quantités» pour les personnes accueillies. Il a estimé que les Restos du cœur avaient besoin de «35 millions d’euros pour terminer [leur] exercice à l’équilibre en mars».

Dès le 3 septembre en soirée, la ministre des Solidarités Aurore Bergé annonçait, toujours sur TF1, une enveloppe de 15 millions d’euros pour aider les Restos du cœur.

Les oppositions au rebond

Les déclarations du président des Restos du cœur ont immédiatement suscité une vague de réactions du côté des oppositions. Le vice-président de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu a évoqué sur X (ex-Twitter) «le résultat des politiques menées par ceux qui nous gouvernent depuis si longtemps».

L’ancienne candidate Les Républicains à la présidentielle et présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a annoncé que la région serait «au rendez-vous aux côtés des Restos du cœur» afin d’amortir le «choc de l’inflation». 

A gauche, les composantes de la Nupes se sont également mises en branle avec la présidente du groupe La France insoumise à l’Assemblée Mathilde Panot qui affirme que son parti proposera «un plan d’urgence alimentaire» à la chambre basse et que les militants insoumis seront mis à contribution pour des collectes alimentaires.

Le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure a lui pris à partie le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui prétendrait «porter la voix des classes populaires» quand son homologue communiste Damien Roussel a défendu l’idée selon laquelle «manger à sa faim devrait être un droit fondamental».

La ministre des Solidarités tente de calmer le jeu

Quelques heures après le président des Restos du cœur Patrice Douret, c’est Aurore Bergé qui s’exprimait au journal de 20h de TF1 et annonçait 156 millions d’euros pour l’aide alimentaire, dont 15 millions dédiés aux Restos du cœur.

Dès le lendemain matin, sur les ondes de France Info, le porte-parole de l’association Yves Mérillon a tenu à affirmer que sur ces 15 millions, 10 étaient déjà dans les tuyaux, ainsi «la vraie augmentation c’est 5 millions». Selon lui, «c’est une bonne chose», mais il «faudra beaucoup plus».

Face à une inflation galopante, les associations venant en aide aux plus démunis s’inquiètent. Aux côtés des Restos du cœur, le Secours populaire, la Croix-Rouge et l’Armée du salut ont demandé à être reçus par le président de la République pour évoquer des solutions pour faire face à l’augmentation des prix et du nombre de demandeurs d’aide.