Les crises du Covid et de l’énergie, ainsi que l’inflation galopante, ont-elles eu raison de la promesse présidentielle de ne pas augmenter les impôts ?
En mai dernier, Emmanuel Macron avait promis une baisse d'impôts de 2 milliards d'euros pour les classes moyennes. Un engagement réitéré en juillet. Mais face aux difficultés pour boucler le budget 2024, et alors que l’Etat redouble ses financements dans des secteurs tels que la transition écologique, la marge de manœuvre s’est réduite et la hausse des prélèvements obligatoires se profile à l’horizon, relate la presse française depuis plusieurs jours.
Les oppositions en ordre de bataille
Le risque politique est de grande ampleur pour la majorité. Si une hausse de la pression fiscale en France ne froissera pas son aile gauche, elle pourrait en revanche affecter son électorat situé plus à droite. Véritable vache sacrée du macronisme depuis 2017, revenir sur la promesse de ne pas augmenter les impôts pourrait être mal perçu par le patronat et suscite déjà des attaques de la part des oppositions.
L’eurodéputée du Rassemblement national Mathilde Androuët a ainsi dénoncé le 22 août sur X (anciennement Twitter) cette possible hausse d’impôts dans un contexte déjà difficile pour les Français.
Le premier secrétaire général délégué des Républicains Othman Nasrou demande au gouvernement de «s’attaquer à la dépense publique plutôt qu’au portefeuille des Français». Quant à l’ancien magistrat Charles Prats, il suggère à l’exécutif de se concentrer sur la fraude fiscale et sociale.
Les Français appelés à faire «des efforts»
Faire volte-face, après six années passées à défendre l’idée d’un rejet de toute hausse d’impôt, ne s’annonce pas chose aisée. Du côté de l’exécutif, les membres du gouvernement esquissent déjà les prémices d’un revirement, à l’image du ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure. «Nous avons tous des efforts à faire, une responsabilité vis-à-vis de nos comptes publics. J’appelle tout le monde au sérieux budgétaire», déclarait le 21 août sur Europe 1 ce ministre rattaché à Bercy.
Au début de l’été, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire affirmait, lui, vouloir dégager 10 à 12 milliards d’euros d’économies en 2024. Aux dépenses promises en matière de service public et à la hausse du budget de l’armée, s’ajoutent les impératifs écologiques. Autant d’éléments qui poussent la majorité à tabler sur de nouvelles taxes, notamment sur les sociétés d’autoroutes et les billets d’avion, une restriction du bonus automobile et la suppression de plusieurs niches fiscales.
Des mesures qui devraient être évoquées lors de l’université d’été du Medef le 28 août alors que le président du premier syndicat patronal Patrick Martin s’est montré très hostile à une hausse d’impôts.
De l’aveu de l’économiste Mathieu Plane, cité par Le Monde, le gouvernement fait pour l’heure dans «le bricolage fiscal», sans avoir vraiment de marge de manœuvre s’il veut préserver le pouvoir d’achat.