France

Livraison de missiles longue portée français à Kiev: les souverainistes français s'opposent à Macron

Le président français a annoncé le 11 juillet, depuis le sommet de l'OTAN à Vilnius, la livraison de missiles longue portée Scalp à l’Ukraine. Un soutien militaire qui n'a suscité que de minces indignations dans l’Hexagone.

La France suit ses partenaires occidentaux et va livrer des missiles Storm Shadow – Scalp dans l'armée française – à l’Ukraine. Cet armement développé conjointement entre la France et le Royaume-Uni peut atteindre une cible à près de 300 kilomètres.

Pour justifier ce nouvel envoi, Emmanuel Macron a évoqué le 11 juillet à Vilnius (Lituanie) «la situation de la contre-offensive qui est menée par l'Ukraine». Dans la foulée, l'AFP a rapporté, citant une source militaire, que les missiles étaient arrivés le même jour en Ukraine. Reuters a avancé le chiffre de 50 armes. 

Des souverainistes fustigent la «stratégie suiviste» de Macron 

En annonçant la livraison de missiles Scalp, le président français a, selon les propos du général Trinquand, suivi la voie tracée par d’autres États occidentaux. «Une fois que les Britanniques l'ont livré, on avait un peu de mal à être à la traîne», a déclaré sur les ondes de Radio classique l’officier, qui fut conseiller défense d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle de 2017.

Une attitude critiquée par les oppositions essentiellement dans la mouvance souverainiste. Ainsi, l’ancien député Jean-Frédéric Poisson a dénoncé une «stratégie suiviste» de la «France macronisée» et prend à partie le «lobbying belliqueux» des «va-t’en guerre otaniens». Le président de l’UPR et ancien candidat à la présidentielle François Asselineau a fustigé le coût de ces missiles évalué à «850 000 € pièce !». Le député Nicolas Dupont-Aignan a quant à lui estimé que le président était «devenu fou».

Une décision «irresponsable» selon Marine Le Pen

Marine Le Pen a de son côté qualifié la décision du Président français d'«irresponsable». «Je ne comprends pas qu’Emmanuel Macron ne soit pas intégralement concentré vers l’organisation d’une conférence pour la paix, pour mettre fin à cette guerre », a-t-elle déclaré, avant de prévenir: « toucher un pays tiers peut déclencher une troisième guerre mondiale que je ne souhaite pas voir arriver (…). On ne connaît pas la réaction que pourrait avoir un pays tiers touché par une arme livrée par la France».

Le chef des députés socialistes, Olivier Faure a pour sa part demandé un débat au Parlement sur ce sujet. 

L’eurodéputé Reconquête Gilbert Collard a dénoncé pour sa part la livraison de missiles «dont la portée permet d’atteindre Moscou» et demande que le Parlement s’oppose à «cette folie guerrière». Enfin, c'est le risque d’escalade qu'une telle livraison pourrait engendrer qu'a soulevé l'économiste Philippe Murer.

Le membre des Econoclastes Nicolas Meilhan a lui aussi estimé que la décision d'Emmanuel Macron bafouait les droits du Parlement et menait à une escalade.

Kiev frappera-t-il le Donbass et la Crimée avec des missiles français ?

Comme à chaque livraison d’armes occidentales, Kiev donne des garanties d’utilisation des missiles dans ses frontières «internationalement reconnues», ce qui intègre de facto le Donbass et la Crimée rattachés à la Fédération de Russie par Moscou. Le Kremlin a dénoncé une «erreur» qui engendrerait des «contre-mesures» en Ukraine.

Au lendemain du feu vert donné par la Maison Blanche à la fourniture de bombes à sous-munitions à Kiev, la France suit donc la voie de ses partenaires.