France

Quatrième nuit d'émeutes : 1 311 interpellations, 79 policiers et gendarmes blessés, 2 560 incendies

Au total, 1 311 personnes ont été interpellées dans la nuit du 30 juin au 1er juillet en France lors d'émeutes, quatre jours après la mort de Nahel. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé que les violences étaient d'«intensité moindre».

Quelque 1 311 personnes ont été interpellées dans la nuit du 30 juin au 1er juillet en France lors d'émeutes, quatre jours après la mort de Nahel, l'adolescent tué par la police à Nanterre.

Il y a eu «79 policiers et gendarmes blessés», a ajouté le ministère, dans un bilan encore provisoire, alors que 1 350 véhicules ont été incendiés, 234 bâtiments incendiés ou dégradés, et que 2 560 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique.

En déplacement au nord-ouest de Paris, Gérald Darmanin a fait état vers 2h30 de violences d'une «intensité moindre».

Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard de la police et la mort à Nanterre de Nahel M., 17 ans, continue d'embraser de nombreux quartiers populaires du pays. 

45 000 policiers et gendarmes déployés

Avant même les obsèques de l'adolescent prévues le 1er juillet, le ministre de l'Intérieur avait annoncé sur TF1 «davantage d'unités spécialisées» telles que le Raid et le GIGN, ainsi que le déploiement de 45 000 policiers et gendarmes.

Des blindés légers de la gendarmerie ont aussi été envoyés pour tenter de faire baisser les tensions par rapport à la nuit précédente, lors de laquelle 492 bâtiments ont été visés, 2 000 véhicules brûlés et des dizaines de magasins pillés, en dépit de l'arrestation de près de 900 personnes.

«Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction», ont exhorté les joueurs de l'équipe de France de football, dans un communiqué relayé par leur star, Kylian Mbappé.

Heurts et pillages à Marseille

Deuxième ville du pays, Marseille a toutefois été de nouveau le théâtre de heurts et de scènes de pillage, dans le centre-ville et les quartiers populaires plus au nord, où Emmanuel Macron s'était rendu en début de semaine.

La police, confrontée à des groupes de jeunes souvent masqués et «très mobiles», a rapporté 88 interpellations vers 2h du matin, depuis le début de soirée. Un important incendie, «lié aux émeutes» selon une source policière, s'est déclaré dans un supermarché.

La région parisienne n'a pas été épargnée, trois villes proches de la capitale ayant par ailleurs décidé d'instaurer un couvre-feu. A Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris, où vivait Nahel, neuf personnes ont été interpellées en possession de jerricans et de cocktails Molotov. 

D'autres villes alentour ont été touchées, avec des bâtiments publics incendiés.

Le gouvernement a décidé d'annuler tous les «événements de grande ampleur», tels que les concerts de Mylène Farmer les 30 juin et 1er juillet au Stade de France, et demandé la mise à l'arrêt des bus et tramways dans tout le pays après 21h.

Emmanuel Macron, qui a écourté son séjour à Bruxelles, a appelé à la responsabilité des familles, soulignant qu'un tiers des interpellés de la dernière nuit étaient «des jeunes, parfois des très jeunes».

Le président français a accusé les réseaux sociaux d'attiser la violence et dit attendre un même «esprit de responsabilité» de ces plateformes, citant notamment Snapchat et TikTok, où s'organisent «des rassemblements violents» et qui suscitent aussi «une forme de mimétisme de la violence», selon lui.

La mort de Nahel M., dont la famille est originaire d'Algérie, a ravivé le sujet des violences policières et du refus d'obtempérer en France, où 13 personnes sont mortes à l'issue d'un contrôle de police l'an dernier. Les émeutes relancent de surcroît le débat sur l'insécurité liée à l'immigration de masse et le défi de l'intégration.