Tué lors d’un contrôle de police. A 8h15, ce 27 juin, un jeune homme de 17 ans est mort des suites d’un tir de policier, avenue Joliot-Curie à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Il refusait d’obtempérer à un contrôle entrepris parce qu’il roulait sur une voie de bus, selon la version des forces de l'ordre. La scène a été filmée et a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux.
L’image est prise à une vingtaine de mètres et le contrôle opéré par deux policiers descendus de leur moto. Les deux agents sont armés et effectuent leur contrôle quand la voiture redémarre brusquement. L’un des policiers tire alors à bout portant, ce qui provoquera le décès de l'adolescent de 17 ans. Un autre jeune homme, présent à bord au moment des faits, a été interpellé. Un deuxième passager aurait pris la fuite.
Pour l’heure, aucun élément supplémentaire sur la séquence du tir n’est connu. Les vitres du véhicule étant teintées, impossible de savoir si l’un des passagers ni même le conducteur étaient armés ou menaçaient le policier. Une seconde vidéo, collée à la première dans les montages circulant sur internet, montre la même voiture écrasée sur un panneau de signalisation, la porte arrière droit ouverte. Enfin, sur une troisième vidéo, on peut voir des pompiers en train de pratiquer un massage cardiaque sur le conducteur.
La vidéo a rapidement fait le tour des réseaux sociaux avec la mention récurrente «la police tue». Les internautes s’émeuvent surtout de la disproportion supposée. En effet, le policier tire alors qu’il ne semble pas menacé par la voiture, soulevant la question de la légitime défense.
Colère et indignation à gauche
C’est surtout du côté de la Nupes que les réactions sont nombreuses. Parmi les quatre députés de l’alliance des gauches des Hauts-de-Seine, deux ont réagi à la mi-journée.
La députée Europe Écologie-Les Verts Sabrina Sebaihi évoque la nécessité de faire la lumière sur ce drame. «Le refus d’obtempérer n’est pas une condamnation à mort. Jamais», ajoute-t-elle.
Le député insoumis Aurélien Saintoul estime pour sa part que «La police ne peut faire mourir un adolescent, même en fuite». Mais il pointe également du doigt le manque de moyens de la justice dans son département. Le député LFI Bastien Lachaud affirme quant à lui que 13 personnes ont été tuées en 2022 pour refus d’obtempérer et appelle à «en finir avec le système qui conduit à ces morts».
Les messages déplorant le décès du jeune homme ont été nombreux à gauche mais toujours assez mesurés. Seul le député du XVIIIe arrondissement de Paris Aymeric Caron a évoqué «une bavure» et un tir sans nécessité de le faire.
Une enquête confiée à l’IGPN
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a indiqué en début d’après-midi que l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait été saisie. L’émotion suscitée par l’affaire et son exposition sur les réseaux sociaux pourrait provoquer des violences dans la ville de Nanterre et se répandre à la manière des émeutes de 2005 après le décès de deux adolescents, suite à un contrôle de police.
Pour l’heure, les seuls éléments connus sont l’âge et l’identité du conducteur, mais aussi le fait qu’il roulait sans permis et était connu des services de police pour des faits analogues de refus d’obtempérer et de conduite sans permis. Il restera désormais pour les enquêteurs de l’IGPN à déterminer s’il y a eu, ou non, légitime défense.
Outre l’aspect émotionnel fort légitime dans ce type de drames et les questions ayant trait à la violence policière, l’enjeu des prochaines heures sera également de gérer le risque d’embrasement à Nanterre.