«un enjeu de sécurité exceptionnel», a résumé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin : le 26 juillet 2024, la cérémonie d’ouverture de la 33e olympiade de l’ère moderne se déroulera à Paris. Pour faire face aux défis sécuritaires, le ministre a présenté un protocole avec les principaux acteurs de l’organisation des JO 2024, la maire de Paris Anne Hidalgo et le président du Comité d’organisation des Jeux (et triple médaillé d’or en canoë) Tony Estanguet.
la première fois que la cérémonie se passera en dehors d'un stade a rapporté Darmanin.
La cérémonie de tous les dangers
La cérémonie d’ouverture sera «inédite» dans l’histoire moderne des Jeux : pour la première fois, elle se déroulera en extérieur, c’est-à-dire «en dehors d’un stade», a noté Darmanin. L’événement aura lieu le long de la Seine entre la bibliothèque François Mitterrand et la tour Eiffel, a-t-il rapporté. Les athlètes ne défileront pas sur une piste d’athlétisme comme habituellement mais à bord de bateaux. S’en suivra un spectacle artistique et musical puis la cérémonie protocolaire à proprement parler avec les officiels.
En tout, ce sont 115 bateaux qui seront mobilisés pour transporter quelque «10 000 athlètes», toujours selon le ministre. Environ «200 chefs d’États et de gouvernements» assisteront au spectacle, mais aussi «plusieurs centaines de milliers» de spectateurs sur place. L’AFP évoque même le chiffre de 400 000 personnes.
Dans ses annonces, le ministre de l’Intérieur a fait part d’une mobilisation elle aussi inédite avec 35 000 membres des forces de sécurité intérieure en plus des renforts issus de la sécurité privée. Pour le gouvernement français, un faux pas serait déplorable. Gérald Darmanin estime ainsi que plusieurs milliards de personnes vont regarder la cérémonie.
En cas d’incident majeur, les retombées en matière de tourisme pourraient être dramatiques. En 2022, la finale de la Ligue des champions de football qui devait avoir lieu au stade Krestovski de Saint-Pétersbourg mais qui fut finalement déplacée au Stade de France à Saint-Denis avait été le théâtre de violents incidents. La responsabilité du ministre de l’Intérieur avait alors été largement pointée du doigt.
Partage des responsabilités et coût incertain
Les Jeux olympiques impliquent un important dispositif sécuritaire, à plus forte raison dans une ville comme Paris particulièrement exposée à la délinquance. Les chiffres du ministère de l’Intérieur font ainsi état d’une augmentation de 24,6% des coups et blessures volontaires en 2022 dans la capitale.
Le premier policier de France compte sur le développement du système de vidéosurveillance pour faire face aux enjeux sécuritaires et fait valoir une augmentation de 400 caméras à Paris, portant le total à 4 400. En tout, 25 millions d’euros seront ainsi alloués à ce seul dispositif.
A la menace sécuritaire directe, s’ajoute celle, potentielle, des attaques de drones, qui inquiète les autorités françaises, mais aussi la question du cyber. Ainsi, le ministre évoque «quatre milliards d’attaques» de ce type lors des Jeux de Tokyo en 2021 pour un événement sportif qui n’avait accueilli que très peu de public, crise sanitaire oblige.
Au Japon, les Jeux devaient initialement coûter 6 milliards d’euros et la facture finale s’est élevée à 12 milliards. Pour Paris, l’audition initiale (2017) évoquait un coût à 6,6 milliards, elle est aujourd’hui chiffrée à 8,8 milliards. Un total qui ne prend pas en compte le coût de la sécurité. Celui-ci pourrait pourtant faire gonfler le budget. Le chiffrage d’un pré-apport de la Cour des comptes évoquait à l’été 2022 un coût de 419 millions d’euros pour les dépenses de sécurité de l’État. La cérémonie d’ouverture, exceptionnelle, n’était alors pas prise en compte.
Les Jeux olympiques de Paris sont un événement majeur pour la France et le président de la République entend faire de cette manifestation sportive un moment historique de sa présidence. Après les faux pas en matière de ventes de billets, jugés trop chers par les Français, les autorités publiques vont devoir se montrer rassurantes sur la sécurité et éviter de faire exploser le budget.