«Le comportement fautif de quelques agents, qui font l’objet d’enquête en vue de sanctions, ne peut pas conduire à remettre en cause l’utilité des BRAV-M dans leur ensemble lorsque l’ordre public est gravement menacé par des violences, des dégradations et des incendies.» Le 5 avril, en commission des Lois, l’avis du rapporteur Eric Pouillat a été suivi par les députés Renaissance et de droite. Les élus ont ainsi classé deux pétitions, l’une réclamant la dissolution de la BRAV-M et l’autre le maintien de cette brigade de policiers à moto critiquée pour son recours à la violence en manifestation.
«On ne peut pas contester que des unités mobiles sont un complément utile aux traditionnelles brigades de maintien de l’ordre, dont les déplacements sont plus lents», a notamment argué le député du parti présidentiel. Eric Pouillat a estimé «caricatural» le portrait dressé des BRAV-M dans la pétition réclamant leur dissolution.
La BRAV-M «n’est pas une unité», fait valoir Darmanin
«Loin d’assurer un retour à l’apaisement, son action participe de l’augmentation des tensions, y compris à l’encontre des forces de l’ordre», accusent les auteurs de cette pétition, comparant la BRAV-M aux brigades de «voltigeurs», dissoutes en 1986 après la mort de Malik Oussekine, étudiant tué sous les coups de policiers lors d'une manifestation. Le texte se termine en enjoignant les autorités à stopper le «massacre». «Le mot "massacre" à un sens», a rétorqué Eric Poulliat.
Des parallèles «outranciers», «insultants» et «totalement ignorants», avait pour sa part fustigé Gérald Darmanin, auditionné plus tôt sur la «gestion du maintien de l'ordre» par cette même commission des Lois. La BRAV-M, a-t-il martelé, n'est pas «une unité qui intervient en moto, mais qui se déplace en moto». Il avait estimé que «beaucoup de gens évoquent la BRAV-M sans savoir ce que c’est». «Quand on veut dissoudre la BRAV-M c’est un peu étonnant parce que cela n’existe pas, ce n’est pas une unité», avait, entre autres encore, asséné le ministre.
Un nombre de signatures record
Au moment du vote de son «classement» en commission, la pétition anti-BRAV-M avait réuni près de 264 000 signatures. Un record pour la plateforme en ligne de l’Assemblée nationale, où aucune demande adressée à la représentation nationale n’avait encore dépassé le seuil des 100 000 signatures. Un fait qu'a notamment rappelé le député socialiste Hervé Saulignac, estimant que cet important nombre de signataires était «révélateur d’un malaise réel».
En comparaison, la pétition de soutien à la BRAV-M, déposée quelques jours seulement après celle en faveur de sa dissolution, n’a réuni que 5 300 signatures.
Dans son plaidoyer, enjoignant ses pairs à s’opposer à ce que le contenu de la pétition fasse l'objet d'un débat en séance publique, Eric Poulliat a souligné que «17 enquêtes judiciaires liées à des manifestations ont été confiées à l’IGPN» à la date du 3 avril. «En toute circonstance, la plus grande attention doit être apportée au respect, par les forces de l’ordre, de la déontologie et des règles des maintiens de l’ordre», a également souligné le député macroniste.
«Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?»
«On ne nous demande pas de valider le fond de la pétition», a rétorqué l'Insoumis Ugo Bernalicis. «Quand vous avez 260 000 citoyens qui signent, qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?», a ajouté le député. «Les violences qu'ont commises certains de ses agents ont choqué beaucoup de monde, à commencer par les agents de police», a également plaidé l'écologiste Sandra Regol.
Le député LR Xavier Breton a lui appelé à «ne pas rentrer dans une partialité militante». La députée RN Julie Lechanteux a pour sa part rappelé le «soutien» de son parti aux forces de l’ordre «devenues les cibles des milices d’extrême gauche et [qui] ne sont pas soutenues par le gouvernement d’Emmanuel Macron».
Anticipant sur le classement de la pétition, un groupe de députés insoumis et écologistes avait tenu une conférence de presse à la mi-journée pour promettre de poursuivre la lutte dès le 5 avril au soir lors d'un rassemblement place de l'Hôtel de Ville à Paris.
L'occasion aussi pour eux de tendre la main aux «gardiens de la paix». Antoine Léaument (LFI) a ainsi annoncé l'envoi d'une lettre ouverte aux policiers et aux gendarmes, fustigeant les ordres donnés par le ministère de l'Intérieur et les appelant à la réflexion, soulignant que leur «code de déontologie» leur permet d'objecter à certains ordres s'ils considèrent qu'ils sont «manifestement illégaux et de nature à compromettre gravement un intérêt public».