L'intersyndicale qui combat la réforme des retraites a constaté le 5 avril un «échec» après une rencontre de moins d'une heure à Matignon avec Elisabeth Borne, lors de laquelle la Premier ministre a refusé, selon les syndicats, de retirer le texte décrié.
«Nous avons redit à la Première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autre issue démocratique que le retrait du texte. La Première ministre a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte, une décision grave», a déclaré Cyril Chabanier (CFTC) au nom de l'intersyndicale sur le perron de Matignon.
«C’est forcément un échec quand la Première ministre ne fait aucune ouverture sur cette discussion. Donc oui c’est forcément un échec», a-t-il ajouté. Les syndicats refusent de «tourner la page et d'ouvrir, comme le souhaite le gouvernement, d'autres séquences de concertations».
«Nous en appelons à la sagesse du Conseil constitutionnel qui doit entendre la juste colère des travailleuses et des travailleurs», a encore expliqué le responsable syndical, alors que les Sages doivent se prononcer sur la réforme le 14 avril. Il a également invité «à se joindre massivement» à une nouvelle journée de mobilisation prévue le 6 avril.
«Nous ne passerons pas outre que des millions de salariés se mobilisent», a souligné à ses côtés, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, estimant qu'«on est en train de vivre une grave crise démocratique».
«La Première ministre nous a adressé une fin de non-recevoir et choisi de nous renvoyer dans la rue», a lancé pour sa part la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, pointant une réunion «inutile» et assurant que l'intersyndicale «sera unie jusqu'au bout».
L'exécutif se veut positif
Elisabeth Borne a assuré de son côté qu'elle «n'envisage pas d'avancer sans les partenaires sociaux».
«Même si nos désaccords sur l'âge n'ont pas permis de discuter de façon approfondie, je pense que cette réunion marque néanmoins une étape importante. Les organisations syndicales, comme elles ont pu vous l'indiquer, sont disponibles pour travailler ultérieurement sur ces sujets et je leur ai dit ma disponibilité et celle de mon gouvernement parce que je n'envisage pas d'avancer sans les partenaires sociaux», a-t-elle fait savoir dans la cour de Matignon devant la presse.
Réagissant auprès de l'AFP, l'«entourage d'Emmanuel Macron» a lui réfuté le qualificatif de «crise démocratique». «Qu'un président élu avec une majorité élue, certes relative, cherche à mener à bien un projet qui a été porté démocratiquement, ça ne s'appelle pas une crise démocratique [...] On ne peut pas parler de crise démocratique quand le projet il a été porté, expliqué et assumé», a fait valoir cette source.
Pour la nouvelle journée d'action du 6 avril, la onzième grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires a d'ores et déjà fait savoir qu'«autour de 20%» des enseignants du primaire seront en grève».
Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé que «11500 policiers et gendarmes ser[aie]nt mobilisés partout en France dont 4200 à Paris».