Plusieurs territoires français ont été touchés par des coupures d'électricité en marge de la contestation contre la réforme des retraites le 7 mars.
«Nous condamnons les tensions, les violences parfois, qui ont pu émailler certaines manifestations hier, comme nous condamnons les coupures volontaires de courant», a réagi Olivier Véran à l'issue du Conseil des ministres le 8 mars.
Le porte-parole du gouvernement a estimé que «couper le courant volontairement, c'est illégal et donc il n'y a pas lieu de le faire». Cela engendre aussi «un coût» et ce sont «les contribuables qui payent».
Des coupures ont en effet été constatées à Annonay (Ardèche), fief du ministre du travail Olivier Dussopt.
Plus de 2 000 foyers ont été privés d'électricité le 7 mars en début d'après-midi dans la commune ardéchoise, a fait savoir Enedis, qui n'exclut pas la piste de coupures «sauvages» de la part de grévistes.
«J’ai vu qu’à Annonay, il y a eu des coupures de quartiers entiers», s'est en outre alarmé le ministre macroniste Stanislas Guerini, qui a attribué ces coupures aux «organisations syndicales».
«C’est dégueulasse pour les gens qui vivent dans ces quartiers. Les gens qui sont touchés, c'est pas le ministre du Travail, c’est les gens qui vivent à Annonay», ville dont Olivier Dussopt a été maire (2008-2017) puis député (2007-2022), avant de porter aujourd'hui le projet très controversé de réforme des retraites du gouvernement.
Ces interruptions s'ajoutent aux coupures provoquées par des grévistes un peu partout en France, ciblant selon les cas des préfectures, des tribunaux, des zones commerciales et industrielles, parfois des quartiers d'habitation, la permanence d'un député ou des producteurs d'énergies renouvelables, affirme Enedis.
La permanence dans les Yvelines du président du Sénat Gérard Larcher a elle aussi été privée d’électricité, selon le député et patron du parti Les Républicains Eric Ciotti qui qualifie cet acte d'«inadmissible».
L'information a été confirmée par un membre de la CGT auprès de Libération.
D'autres coupures ont affecté les Hauts-de-France. A Boulogne-sur-Mer, celles-ci, provoquées dans la matinée dans un poste-source de la ville et sur plusieurs points de distribution, privaient encore de courant 1 500 clients en début d'après-midi le 7 mars, selon le distributeur d'électricité.
La CGT assume
«Enedis condamne fortement ces actes de malveillance [et entend] porter plainte», a souligné à l'AFP Serge Martin, directeur territorial Nord-Pas-de-Calais.
«Tout ce qu'il s'est passé est à l'initiative de la CGT», qui est «rentrée dans le dur» après un premier vote au Sénat sur la réforme des retraites, a affirmé à l'AFP Romain Fronek, responsable régional pour la Fédération nationale des mines et de l'énergie (FNME) CGT.
Outre de possibles nouvelles coupures ciblées, des actions «positives, Robin des bois», a détaillé le syndicaliste, sont aussi envisagées pour «rétablir le courant des personnes coupées pour impayé et qui sont en précarité énergétique, [ou] mettre en tarif réduit les piscines, les collectivités locales, les boulangers, ceux qui ont du mal à payer leur facture».
L'action a notamment affecté le fonctionnement d'un magasin Auchan à Saint-Martin-Boulogne, en périphérie de la ville, et une autre action menée par des agents d'Enedis sur un poste de distribution de Neuville-en-Ferrain a aussi privé de courant pendant une demi-heure à la mi-journée du 7 mars environ 250 usagers dans la zone commerciale Promenade des Flandres, selon Enedis. D'après Romain Fronek (CGT), «il y a eu aussi quelques coupures sur le secteur lillois».
Des coupures ont aussi visé le centre-ville de Lyon, des préfectures ou des tribunaux (Albi, Agen Périgueux), ainsi que des producteurs d'énergies renouvelables dans le Gard, le Tarn, le Var et la Haute-Vienne, selon Enedis, qui a dit porter plainte «systématiquement».
Des «actes de malveillance dans le cadre du mouvement social» ont aussi privé d'alimentation en gaz 700 clients à Charleville-Mézières et une cinquantaine de foyers à Marseille, a souligné à l'AFP le service de presse de GRDF. Le distributeur gazier a annoncé qu'il porterait plainte, précisant que l'alimentation devait être totalement rétablie en fin de journée.