France

Braun-Pivet a-t-elle omis une partie de son patrimoine financier dans sa déclaration d'intérêts ?

En plein débat sur les retraites, la députée insoumise Alma Dufour s'en est prise dans l'hémicycle à Yaël Braun-Pivet pour des actions qu'elle détient dans plusieurs entreprises, suggérant un possible conflit d'intérêts chez son adversaire politique.

Le 17 février, alors qu'elle défendait dans l'hémicycle un amendement pour taxer les superprofits de grands groupes du secteur de l'énergie au bénéfice du système de retraites, la députée insoumise Alma Dufour a suggéré que le patrimoine financier de la présidente de l'Assemblée nationale pourrait expliquer son opposition à l'instauration d'une telle «cotisation exceptionnelle».

«Quand on sait que madame la présidente de l'Assemblée nationale a omis de déclarer 40 000 euros d'actions chez TotalEnergies, on se pose des questions», a en effet déclaré l'élue de Seine-Maritime.

«C'est inadmissible ce que vous faites, il y a eu une erreur du site Le Monde, ils viennent de la corriger... La HATVP s'excuse... Alors il n'y avait aucune omission dans ma déclaration et je vous remercie de ne pas relayer ça, c'est honteux», lui a répondu avec vigueur Yaël Braun-Pivet depuis le perchoir.

Omission partielle ?

La réponse de la députée macroniste reste toutefois à nuancer. Il apparaît en effet que l'équipe du Monde a apporté une modification à son article toujours en ligne, celle-ci figurant en ces termes : «Correction, le 17 février à 11h : Yaël Braun-Pivet avait omis de déclarer dans sa déclaration d’intérêts 40 000 euros d’actions, et pas 40 000 actions.»

Il est également à noter que, selon le quotidien français, l'omission en question porterait sur des actions détenues par la députée macroniste «dans des sociétés cotées comme TotalEnergies ou BNP Paribas», et donc pas exclusivement chez le géant pétrolier français.

Comme l'a plus tard rapporté l'AFP, Yaël Braun-Pivet a fait une première déclaration fin juillet et une seconde en octobre complétée avec quelque 40 000 euros au total en actions d'Axa, LVMH ou encore TotalEnergies.

Ces actions figuraient «dans la déclaration patrimoniale» de la présidente de l'Assemblée, mais n'avaient pas été reportées sur sa déclaration d'intérêts, ce qui explique qu'«il n'y a pas d'omission», a confirmé la HATVP, toujours selon l'AFP.

Millionnaire en actions détenues chez l'Oréal, Yaël Braun-Pivet dénonce des «tentatives d'exploitation politique»

«Après avoir consulté la déclaration, c'est 40 000 euros chez Total, BNP et d'autres, mais aussi... 1,5 million chez L'Oréal ! Je me demande pourquoi notre proposition de faire cotiser les dividendes record au lieu de faire travailler deux ans de plus les gens n'a pas beaucoup de succès», a plus tard réagi sur les réseaux sociaux la députée insoumise à l'origine de la passe d'armes.

De son côté, la présidente de l'Assemblée a déploré dans un communiqué cité par l'AFP des «tentatives d'exploitation politique». Dans l'après-midi, le député LFI Antoine Léaument a soulevé plus largement le sujet des actions pouvant être détenues par les parlementaires.

«Combien d'entre vous, collègues macronistes, possèdent des actions dans des sociétés du CAC40 ? Combien d'entre vous sont en train de défendre leurs intérêts particuliers en refusant la taxation des actionnaires ?», a-t-il interrogé, suscitant de vives réactions.

Rappelant les règles de transparence qui s'appliquent aux responsables publics, Erwan Balanant (MoDem) a traité son collègue insoumis de «petit Robespierre». «En insultant cette Assemblée, vous insultez le peuple français», s'est aussi récrié Jean-Louis Bourlanges, du même groupé allié de la majorité.

La députée LFI Ségolène Amiot a suggéré que les élus actionnaires ne participent pas aux votes sur la taxation des grands groupes, selon le principe du «déport».