Quatre organisations ont appelé ce 29 novembre à la grève et à des rassemblements à Paris et en régions. Plusieurs dizaines de personnes se sont réunies en fin de matinée devant le ministère de la Santé, où une délégation a été reçue par le cabinet de François Braun.
Les syndicats dénoncent un «abandon de la psychiatrie publique» qui «se caractérise au quotidien par le manque criant de lits d'hospitalisation complète et des fermetures régulières de centres médico-psychologiques (CMP)». Une situation liée à la pénurie d'effectifs de médecins et d'infirmiers, qui «touche aujourd'hui cinq établissements hospitaliers sur six», selon un communiqué intersyndical.
«Ces conditions sont épuisantes au quotidien»
Résultat : les tâches administratives s'accumulent au détriment du soin, accuse Sylvie Barreteau. «Ces conditions sont épuisantes au quotidien», souligne la pédopsychiatre.
«Nous n'avons plus la capacité de soigner comme on voudrait», déplore Norbert Skurnik, président de l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp). Selon le psychiatre, faute d'accueil, «rien qu'en Île-de-France, 60 à 70 000 personnes, dont au moins 60% sont des malades mentaux, errent en dehors de toute institution et de tout domicile».
La spécialité ne séduit plus les jeunes médecins, déplore le Dr Skurnik, citant le chiffre de 100 internes à répartir chaque année en région parisienne, «là où il en faudrait 150». «Le problème numéro un est celui de l'attractivité», abonde Clément Vansteeme, jeune praticien hospitalier à Sainte-Anne à Paris, qui a «vu en quelques années la qualité de l'accueil aux urgences psychiatriques se dégrader».
«Des régions entières sont désertifiées», témoigne un soignant au micro de RT France tandis qu'une autre a plaidé pour «un dialogue sociale de qualité» avec le ministre afin de définir «un plan d'actions concrètes».
Comme le rapporte France Bleu, à Toulouse, «une cinquantaine de psychiatres et infirmiers en psychiatrie des hôpitaux Purpan et Marchant» ont bloqué les deux lignes du tramway pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail.
Pour rendre la profession plus attractive, le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) demande une augmentation de 25% des salaires «à chaque échelon de la grille», afin que leur rémunération soit comparable à celle «d'autres métiers qui engagent leur responsabilité pénale».
Le plan porté par Emmanuel Macron jugé insuffisant
Le plan santé mentale annoncé en septembre 2021 par le président Emmanuel Macron à l'issue d'assises de la psychiatrie, avec à la clé la création de 800 postes d'infirmiers dans les CMP, est lui jugé largement insuffisant. «800 infirmiers, c'est moins de un par centre... et nous n'en avons pas vu arriver un seul ! Même le "pas beaucoup" n'est pas» réalisé, glisse la présidente du SPH, Marie-José Cortès.
Interrogée à l'Assemblée nationale, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée à la Santé, a assuré que le gouvernement avait «pleinement conscience» des difficultés du secteur, promettant pour début janvier une série de rencontres entre M. Braun et la profession, en vue d'un «plan d'ampleur».
Les syndicats de psychiatres hospitaliers attendent ces entrevue de pied ferme. «Nous ne voulons pas d'annonces, mais des actes concrets», prévient le Dr Cortès.