France

«Solidarité des propriétaires» : Hidalgo augmente la taxe foncière à Paris et blâme le gouvernement

La maire socialiste a décidé d'alourdir la taxe pesant sur les propriétaires afin de maintenir les services publics et de poursuivre «la transition écologique», justifiant son choix par un manque d'appui financier de l'Etat aux villes.

La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a annoncé l'augmentation de la taxe foncière dans un communiqué publié ce 7 novembre. Le taux de cet impôt acquitté par les propriétaires, qui était jusqu'à présent de 13,5%, soit un des niveaux les plus bas de France, devrait à l'avenir atteindre 20,5%.

Nous n'avons d'autre choix que d’augmenter la taxe foncière

«Dérèglement climatique, crise énergétique et inflation touchent toutes les villes», a expliqué la maire de Paris sur Twitter, affirmant que «l'Etat refuse d’être à leurs côtés», en refusant par exemple de rembourser les sommes consacrées à «la solidarité lors des crises Covid», pour des achats de masques entre autres.

De la même manière, le gouvernement a refusé, selon Anne Hidalgo, d'examiner les amendements soutenus par les associations de maires consistant à «faire contribuer davantage les propriétaires de résidences secondaires, [à] augmenter la taxe de séjour pour les hôtels de luxe et les palaces et [à] lutter contre les abus fiscaux sur certaines transactions immobilières très élevées».

«Pour garder les services publics et accélérer la transformation écologique, nous n'avons d'autre choix que d’augmenter la taxe foncière», justifie l'édile, qui met en avant dans le même temps la «situation financière saine» de la capitale, dont le patrimoine immobilier aurait nettement progressé depuis 2001, date à laquelle la gauche a pris le contrôle de l'Hôtel de ville.

Anne Hidalgo fait valoir que ne pas augmenter les impôts aurait pour conséquence la dégradation de certains services collectifs, dont la réduction du nombre de places dans les crèches, la fermeture de piscines ou encore une moindre présence policière dans les rues. De plus, des investissements dans la transition écologique, sous forme de pistes cyclables, de «plantations d'arbres» et de «rénovation thermique des bâtiments» en pâtiraient, ce qui amène la mairie à augmenter cet impôt, malgré les efforts d'économies dans la «gestion courante» et l'adoption en septembre d'un «plan de sobriété énergétique». Par conséquent, l'élue en appelle à «la solidarité des propriétaires parisiens».

Certains habitants seront néanmoins exonérés de cette taxe foncière, dont les titulaires de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) de l'allocation supplémentaire d'invalidité (ASI), les redevables de plus de 75 ans et les titulaires de l'allocation adultes handicapés (AAH), sous conditions de ressources. Les propriétaires qui auront investi dans la rénovation thermique de leur appartement entre 2020 et 2026 seront eux aussi exonérés dès lors qu'ils auront respecté les «conditions légales» encadrant ces dépenses.

Le programme «Paris en commun» qui avait permis à Anne Hidalgo d'être réélue en 2020 comprenait pourtant un engagement à ne pas augmenter les impôts, ce que n'ont pas manqué de rappeler les élus d'opposition, déjà échaudés, comme le relève Le Parisien, par le retard pris par l'équipe municipale pour présenter le rapport d’orientation budgétaire, document clé qui fixe la stratégie budgétaire de la capitale pour 2023. «Après avoir endetté la Ville, Anne Hidalgo fait les poches des Parisiens», a ainsi fustigé le conseiller de Paris du XVIIe arrondissement Jean-Didier Berthault (Les Républicains).

«Mon hypothèse : Anne Hidalgo se venge sur les Parisiens qui n’ont été que 22 000 à voter pour elle sur 1 355 541 électeurs inscrits», a quant à lui raillé Aurélien Véron, porte-parole du groupe des Républicains et des centristes au Conseil de Paris, en référence au score piteux (1,7%) d'Anne Hidalgo à l'élection présidentielle, y compris dans la capitale.

Fin 2021, plusieurs associations, très critiques envers la gestion d'Anne Hidalgo, avaient fait part de leur souhait d'engager une procédure afin d’obtenir la mise sous tutelle de Paris, endettée à hauteur de 7 milliards d’euros. Le ministère des Comptes publics avait, peu de temps auparavant, adressé un courrier à la maire socialiste pour la rappeler à l'ordre sur la tenue des comptes de la capitale, lui reprochant d'avoir utilisé certaines astuces comptables telles que l'encaissement anticipé de loyers. Comme le souligne Challenges, Bercy a rendu impossible l'utilisation de cet artifice des «loyers capitalisés» pour le budget 2023, ce qui pourrait expliquer la décision d'Anne Hidalgo.