Alors que TotalEnergies et les syndicats réformistes du groupe semblaient en voie de s'accorder sur une augmentation des salaires dans le groupe, la CGT a quitté la table des négociations dans la nuit du 13 au 14 octobre et a promis de continuer la grève, dans un contexte de pression grandissante du gouvernement.
Chez Esso-ExxonMobil, à la raffinierie de Port-Jérôme-Gravenchon en Seine-Maritime, «les salariés ont décidé de rentrer travailler mais de mettre un ultimatum à la direction pour la négociation annuelle obligatoire du 6 décembre», a fait savoir le jour-même un délégué syndical FO auprès de l'AFP qui précise qu'un nouveau vote pour décider de la reprise ou non de la grève se tiendra à 14 heures.
Grève reconduite «partout» au sein de TotalEnergies
La grève pour les salaires a été reconduite «partout» au sein de la multinationale pétrolière TotalEnergies, soit sur les cinq sites du groupe déjà bloqués, a de son côté fait savoir à l'AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe.
L'organisation syndicale a en effet quitté la table des négociations dans la nuit, ne participant ainsi pas à l'accord sur lequel se sont finalement entendus la direction et les syndicats CFDT et CFE-CGC, dont la représentativité cumulée atteint 56%. Les deux syndicats réformistes ont accepté la dernière proposition de la direction, selon eux de 7% d'augmentation de salaire et 3 000 à 6 000 euros de prime. Chaque syndicat doit désormais consulter ses adhérents pour décider de signer, ou non, l'offre, avant la fin de la matinée. «On a soumis un accord pour signature avant midi», a confirmé Namita Shah, membre du comité exécutif de TotalEnergies, sans corroborer le chiffre de 7%, supérieur au 6% proposés la veille.
Avant de quitter l'immeuble, la CGT a de son côté préventivement dénoncé l'accord des deux autres syndicats : «Ça ne changera rien à l’état d'esprit et à la détermination des grévistes», a prédit Alexis Antonioli, espérant désormais «la généralisation du mouvement». «On a assisté à une mascarade, le compte n’y est pas. On avait une direction qui avait les moyens d’aller convaincre les grévistes de reprendre le travail, aujourd’hui les propositions qui sont sur la table sont largement insuffisantes. On voit que la direction nous dirige vers un scénario à la Esso-ExxonMobil», a expliqué Alexis Antonioli à la radio RMC. Sur les réseaux sociaux, le syndicat a lancé une cagnotte afin de soutenir les grévistes.
Le mouvement des raffineries s'est de fait déjà mué en appel à la grève générale, et le 18 octobre devrait être l'occasion d'une grande journée de grève nationale, des transports aux fonctionnaires, suite à l'appel de quatre grands syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU) et de plusieurs organisations de jeunesse. La grève devrait toucher en particulier la SNCF et la RATP.
Esso-ExxonMobil face à un ultimatum
Il n'y a «pas de gréviste» dans la matinée du 14 octobre sur le site de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon, où une grève pour réclamer des augmentations de salaire avait débuté le 20 septembre, a annoncé le syndicat FO.
Alors qu'un nouveau vote pour décider de la reprise ou non de la grève se tiendra à 14 heures, le syndicat a d'ores et déjà fait savoir qu'il entendait imposer à la direction un ultimatum pour la négociation annuelle obligatoire à venir en décembre.
La CGT a confirmé qu'il n'y avait «pas de grévistes sur le quart du matin». «Nous attendons de voir si l'équipe de 14 heures sera gréviste ou non», a prévenu une source syndicale CGT. Comme le rapporte l'AFP, le deuxième site français de l'entreprise pétrolière à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) avait quant à lui levé la grève la veille.
«La CGT avait lancé une procédure judiciaire en référé auprès du tribunal administratif de Rouen concernant les réquisitions du site Esso de Port-Jérôme-Gravenchon. Selon nos informations elle a été rejetée par le tribunal ce matin», a pour sa part rapporté la radio RMC ce 14 octobre.
Chez Esso-ExxonMobil, un accord avait été trouvé le 11 octobre entre la direction et deux syndicats majoritaires, dont la CFDT, mais pas avec la CGT, qui avait alors décidé de maintenir l'appel à la grève sur les deux sites. Le site de Port-Jérôme-Gravenchon avait été le premier à être visé par des réquisitions de personnels du dépôt le 12 octobre au soir pour permettre la livraison de carburants, en rupture dans de nombreuses stations-services.