Un premier exemple de l'appel à la «sobriété» lancé par Emmanuel Macron début septembre ? L'Opac (office public d'aménagement et de construction) du Rhône a demandé aux locataires de son parc d'habitations à loyer modéré (HLM) d'éviter d'emprunter l'ascenseur et de lui préférer les escaliers, ainsi que de réduire les périodes d'éclairage dans les parties communes.
Le Progrès précise, dans le cas d'un immeuble situé à Brignais, que les locataires ont pris connaissance de ces recommandations par un courrier de l'OPAC qui détaille la liste des utilisateurs prioritaires de l'ascenseur (personnes âgées, handicapées, parents avec poussettes...) et incite les autres à prendre les escaliers, en application d'un «plan de sobriété déjà signalé par l'agence AEF. Selon Le Progrès, certains résidents habitant dans des étages élevés ont contesté ces appels à des efforts quotidiens, tandis que Cnews évoque au contraire un projet «assez bien accueilli».
L’Opac du Rhône gère 600 résidences (26 000 locataires) hors métropole lyonnaise et «fait face à une situation inédite», souligne France 3, puisque ce bailleur a dû rompre son contrat avec le fournisseur d’énergie E-Pango, qui a récemment perdu son autorisation de vendre de l’électricité. L'office a alors dû se tourner vers l’offre de secours d’EDF, et annoncé une forte augmentation des charges électriques relatives aux parties communes, passant de 7 euros par mois et par logement à 18 euros.
Parallèlement à ces hausses, le «plan de sobriété» vise donc à faire chuter la consommation électrique des résidences de l’ordre de 10 à 20% en anticipant une forte progression des prix de l'électricité à la veille de la saison froide. Le plan met d'ailleurs l'accent, au-delà de l'ascenseur, sur l’éclairage. «A ce titre, il est prévu de réduire le nombre de points d’éclairage et baisser l’intensité lumineuse des points de lumière, de remplacer toutes les ampoules à incandescence par des LED, et diviser par trois les temps des minuteries», énumère France 3, ce qui pourrait poser des problèmes de sécurité.
Le Monde a récemment évoqué un véritable «vent de panique» chez les organismes chargés des HLM face aux augmentations des prix de l'énergie, qu'ils devront au moins en partie répercuter sur les locataires. «Avec l’ouverture des marchés de l’énergie à la concurrence en Europe, les bailleurs sociaux [...] ne bénéficient plus, depuis 2016, des tarifs réglementés de vente d’électricité», rappelle le quotidien, soulignant que ceux-ci doivent désormais se fournir sur les marchés de gros et demandent à bénéficier, comme les particuliers, d’un bouclier tarifaire.
Les inquiétudes relatives au prix de l'énergie se multiplient en France : le Medef a récemment lancé un «cri d'alerte» sur la situation des entreprises, certaines d'entre elles ayant déjà décidé de baisser voire d'arrêter leur production. Dans le contexte de la crise énergétique qui touche l'Europe sur fond de tarissement du gaz russe, la situation de la France est fragilisée en raison d'une production électrique nucléaire au plus bas, liée à des travaux ou des problèmes de corrosion sur la moitié de ses 56 réacteurs nucléaires.
Face à la flambée des coûts de l'électricité et du gaz sur les marchés de gros européens, la Premier ministre Elisabeth Borne a présenté le 14 septembre les nouvelles modalités du bouclier tarifaire pour 2023, expliquant le prolonger pour «limiter» à 15% les hausses de prix de l'électricité et du gaz.