La veuve de Samy Amimour, l'un des trois assaillants du Bataclan en novembre 2015, Kahina El H., fait partie des seize femmes rapatriées de Syrie en France en juillet, a appris l'AFP de sources proches du dossier le 14 septembre, confirmant une information de RMC. Toutes ces femmes avaient été mises en examen à Paris en juillet et placées en détention provisoire.
Kahina El H., qui serait née en janvier 1997, était partie en Syrie en octobre 2014, deux mois avant les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher et un an avant ceux du 13 novembre 2015. Selon l'ordonnance finale de mars 2020 renvoyant devant la Cour d'assises spéciale les protagonistes de ces attentats, elle a très rapidement épousé Samy Amimour une fois parvenue en Syrie.
En décembre 2014, Kahina El H. envoyait une vidéo à la sœur de Samy Amimour dans laquelle elle «menaçait de venir en France pour égorger les mécréants», selon l'ordonnance. Plus tard, elle apparaissait sur une photo avec une kalachnikov. Au courant de l'année 2015, elle avait aussi menacé de mort une de ses anciennes amies qui avait cessé de porter le voile.
Toujours d'après cette ordonnance, Kahina El H. avait envoyé un mail à une connaissance trois jours après les attentats de novembre 2015 pour l'informer que son mari était Samy Amimour. Elle écrivait l'avoir encouragé à cette action et se disait fière de lui.
Début juillet, la France a fait revenir 35 mineurs et 16 mères, premier rapatriement massif depuis la chute en 2019 du «califat» du groupe Daesh, alors que jusqu'ici, la France privilégiait «le cas par cas» et avait seulement rapatrié des enfants. Parmi les femmes rapatriées, âgées de 22 à 39 ans, figurait Emilie König, l'une des djihadistes françaises les plus connues, placée par l'ONU sur sa liste noire des combattants les plus dangereux.
La CEDH condamne la France pour n'avoir pas rigoureusement examiné les demandes de rapatriement
Avant ce rapatriement, 120 femmes et près de 290 enfants français étaient détenus dans les camps syriens contrôlés par les Kurdes, avait indiqué en juillet à l'AFP Laurent Nunez, l'ancien coordonnateur français du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Cette information sur l'identifié d'une des femmes rapatriées intervient le jour où la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a rendu un arrêt très attendu sur le rapatriement de familles de djihadistes français.
La CEDH a été saisie par deux couples de Français qui avaient demandé en vain aux autorités françaises le retour de leurs filles, deux jeunes femmes compagnes de djihadistes, et de leurs trois enfants. Le 14 septembre, elle a condamné la France pour avoir enfreint certains points de la Convention européenne des droits de l'homme et lui a demandé de réexaminer les demandes de rapatriement de familles de djihadistes présentes en Syrie. «L'examen des demandes de retour effectuées par les requérants au nom de leurs proches n'a pas été entouré des garanties appropriées contre l'arbitraire», ont notamment relevé les juges.