France

Troisième nuit d'affrontements entre la police et les migrants à Calais

Environ 250 CRS se sont opposés, en fin de journée mardi, à des migrants en colère. C'est la troisième nuit de heurts à proximité de la jungle de Calais. Il y aurait eu, selon la maire de Calais, une cinquantaine d'interpellations.

Pour la troisième nuit de suite, après lundi et mardi, des heurts se sont produits entre CRS et migrants, à proximité de la jungle de Calais. Après les 16 blessés de la première nuit, les 11 de lundi soir, le dispositif policier avait été réorganisé pour protéger les riverains de ce lieu où sont réunis, dans des conditions très difficiles, 4500 réfugiés et migrants.

Mais dès 22h30, un face-à-face tendu a débuté entre CRS et les migrants. Très rapidement, après le jet de quelques projectiles et des insultes, les CRS ont eu recours à des grenades lacrymogènes. Un canon à eau a aussi été utlisé pour éteindre un feu allumé par des manifestants à l'aide de palettes en bois. Des grenades lacrymogènes ont continué d'être tirées jusqu'au retour du calme après 23h30.

«250 policiers, dont une majorité de CRS, étaient mobilisés mardi soir» pour empêcher ou réprimer les troubles autour de la «Jungle», a rapporté le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, présent sur les lieux. Selon Calais Solidarity, un collectif d'aide aux migrants, il y aurait eu 4 blessés et 4 arrestations chez ces derniers. Deux activistes No-Borders auraient aussi été arrêtés. Des chiffres qui n'ont pas encore été confirmés par les autorités, mais la maire de Calais, Natacha Bourchart, sur RMC, a parlé de cinquante interpellations.

Pour le ministère de l’Intérieur, selon qui le dispositif n’était pas plus importants que les dernières semaines, l’objectif était de rendre «visibles» les forces de l’ordre, a expliqué la déploré la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio. Ces derniers jours en effet, les riverains sont inquiets après des intrusions «dans la propriété des riverains pour se procurer des objets pouvant servir à bloquer des camions sur la rocade». La police avait donc pour mission d’aller à la rencontre de «tous ces riverains pour leur donner des conseils, les rassurer et les inviter à porter plainte pour que l'action judiciaire puisse s'accomplir».

Au total, quelque 250 réfugiés ont, «à plusieurs reprises, tenté de ralentir le trafic sur la rocade portuaire en déposant divers objets sur la chaussée» dans la nuit de lundi à mardi, selon la Préfecture. Des affrontements similaires s'étaient déjà produits dans la nuit de dimanche à lundi, blessant légèrement 16 policiers et un migrant, contre 11 mardi. Hier, il n’y aurait pas eu de blessés dans les rangs de la police. 

Ces troubles ont suscité des réactions politiques. La maire de Calais, Natacha Bouchart (Les Républicains), a de nouveau réclamé l'intervention de l'armée. En France, la sécurité intérieure est assurée «par la police et la gendarmerie», a répondu la préfète.

«Désolée de poser encore une fois une question qui fâche, mais combien d'arrestations ?», a lancé Marine Le Pen sur Twitter. Cette situation «intenable oblige à accélérer les mesures d’accueil des réfugiés qui peuvent rester sur le territoire français et de ceux qui doivent, parce qu’ils ont des attaches familiales, rejoindre l’Angleterre», a déclaré le candidat PS aux régionales, Pierre de Saintignon.