Une pluie de critiques s'est abattue sur le Planning familial, depuis la publication le 17 août d'une de ses affiches illustrant un couple d'hommes, dont l'un présente un ventre arrondi laissant suggérer une grossesse : «Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints», est-il ainsi écrit sur celle-ci.
Contacté par le Huffington Post, l’auteur de l’affiche, Laurier The Fox, a expliqué qu’il existait «quatre affiches, montrant des hommes et des femmes trans, dont l’objectif était de montrer que le Planning familial est ouvert à toutes et tous».
Mais très vite, plusieurs personnalités, de tous bords, ont dénoncé cette communication sur les réseaux sociaux.
La députée du Var et chef de file du Rassemblement national à l'Assemblée nationale, Laure Lavalette, dénonce une «communication ridicule», faisant transformer «le Planning familial [...] en officine de propagande sociétale». «Il est nécessaire de démasquer ces militants archi-subventionnés qui ne cherchent qu’à répandre leur idéologie grotesque et mensongère», a-t-elle ajouté.
Le député macroniste de l'Indre d'Horizons, François Jolivet, tweete avec le hashtag «#wokisme» et se dit «critique vis-à-vis des positions militantes du Planning familial», car l'élu «considère qu'il dérive vers une action au service d'une idéologie plus que de l'intérêt général». «Financé par des fonds publics, il est légitime de lui demander des comptes et de se recentrer», poursuit-il.
L'ancienne porte-parole des Républicains, Lydia Guirous, estime pour sa part que «le planning familial poursuit sa triste dérive». «Loin, très loin de ses objectifs initiaux, être au service des femmes en les aidant dans l'accès à la contraception notamment», considère-t-elle.
Des militants de gauche comme Hélène Franco, Céline Pina ou le délégué au conseil fédéral d'Europe Ecologie-Les Verts, Pierre Minnaert-Guinedor, fustigent également la campagne du Planning familial. Ce dernier juge que «lutter contre les discriminations n'est pas soutenir toutes les positions incohérentes de tous les lobbies groupusculaires en concurrence».
Des féministes comme Marguerite Stern expriment aussi leur «peur» : «Peur que le Planning familial devienne une officine transactiviste où l’on distribue des hormones comme des bonbons à des ados perdues en leur présentant la transition comme le remède à tous leurs maux. Peur des dégâts que cela va produire sur toute une génération.»
Analysant l'affiche, la romancière Tristane Banon «sent qu’ils ont pensé à tout, à chaque symbole, de la couleur des peaux aux couleurs des pantalons, des lunettes aux cheveux… Ils n’ont rien oublié, sauf la vérité». «La vérité et les femmes qui, petit à petit, au nom de la défense de tous, ne sont plus défendues par personne», poursuit-elle.
L'ancien président de la Licra et avocat Alain Jakubowicz, s'interroge :«Le Planning familial écrivait déjà fin 2020 "les règles arrivent au moment de la puberté … chez les personnes qui ont un utérus…". Aujourd’hui les hommes enceints. Demain la ménopause des hommes ? A quand la prostatite des femmes ?»
En réaction aux critiques, le Planning familial a communiqué le 19 août, jugeant que ces attaques venaient de l'«extrême droite». «Le Planning familial [...], ses militants et ses responsables font [...] l'objet d'une attaque extrêmement violente [...] de la part de personnalités d'extrême droite et de leurs sympathisants», écrit notamment l'organisation.
Le Planning familial considère qu'il subit une «campagne de dénigrement sur le dos des minorités de genre» et envisage des procédures judiciaires contre «les instigateurs de haine, qui sont parfois des élus de la République».
Le Planning familial soutenu par certains politiques de gauche
A la suite du communiqué, l'association a reçu des soutiens, particulièrement à gauche, comme du sénateur socialiste du Val d'Oise Rachid Temal ou de la maire de Paris Anne Hidalgo. Celle-ci dénonce des «attaques haineuses» contre le Planning familial.
Le porte-parole du NPA, Philippe Poutou, la députée d'Europe Ecologie Les Verts, Eva Sas, ou la députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, ont également soutenu la structure. L'élue Insoumise adressant même un «bravo» au Planning familial : «Bravo, merci, soutien à cette grande association qui permet depuis si longtemps l'écoute, la protection, l'accompagnement. Face à leurs attaques, défendons et affirmons plus encore notre liberté.»
Enfin, l'organisation écologiste Youth for Climate France, initiée par la militante suédoise Greta Thunberg, a pris partie, appelant les internautes à adhérer à l'association de leur département.