Le Parlement français a ratifié les protocoles d'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN, par un vote de l'Assemblée nationale le 3 août, après la décision historique de ces deux pays de renoncer à leur neutralité en raison de l'opération militaire russe en Ukraine.
Les députés ont adopté le texte par 209 voix contre 46 avec le soutien de LR (droite), du Parti socialiste (PS) et des écologistes, l'abstention du RN et le vote contre de LFI. Suède et Finlande ont toutefois besoin d'une ratification des trente Etats membres de l'organisation pour bénéficier de la protection de l'article 5 de la Charte de l'OTAN en cas d'attaque.
Frictions avec la Turquie
Et la Turquie menace de «geler» le processus, en accusant les deux pays scandinaves de bienveillance envers le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et ses alliés qu'Ankara considère comme des organisations terroristes.
La France rejoint «vingt alliés» qui «ont déjà ratifié les protocoles», a indiqué la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. Elle a souligné la «décision historique et majeure» de la Suède et de la Finlande dont «la neutralité constituait jusqu'ici un principe cardinal».
Ce «tournant» provient du «bouleversement de nos repères géopolitiques» avec le lancement de l'opération russe en Ukraine, le recours d'une «puissance» à «la force brute» avec une «violence inouïe», des «exactions, viols, assassinats et déportations», a fustigé la ministre.
Avec l'OTAN, il «s'agit de défense collective» et «en aucun cas d'être offensif», a rappelé Catherine Colonna.
Pour l'OTAN, c'est l'heure du réveil
«Pour l'OTAN, c'est l'heure du réveil» après «la mort cérébrale» décrite par Emmanuel Macron, a estimé le président centriste de la Commission des Affaires étrangères Jean-Louis Bourlanges (MoDem). L'insoumis Aurélien Saintoul a dénoncé un «processus dangereux» avec la «superposition de l'OTAN» et de l'Union européenne.
Laurent Jacobelli (RN) a critiqué «un signal de défi à la Russie», avec ce processus d'adhésion, en présentant l'OTAN comme une «vitrine commerciale du complexe militaro-industriel» des Etats-Unis.
La droite LR a soutenu cette adhésion «légitime» de «partenaires» qui «contribuent régulièrement aux opérations de l'OTAN». Mais «le fait que l'Europe de la défense ne soit pas une garantie de protection suffisante doit nous interpeller», a souligné Michèle Tabarot (LR).
Le socialiste Alain David a jugé que le contexte géopolitique rendait cette adhésion à l'OTAN «nécessaire». Il a critiqué «l'odieux chantage de la Turquie» sur le sujet, à propos des Kurdes.