Entretiens

Thierry Mariani : «Je retournerai en Crimée avec une autre délégation française, plus nombreuse»

Le député des Français de l’étranger, Thierry Mariani, vient d’être renvoyé de son poste de vice-président du groupe PPE (droite) de l’APCE. Sa visite en Crimée en juillet dernier a, en effet, beaucoup déplu à Kiev et il s’en explique pour RT France.

RT France : Comment vous a-t-on demandé de quitter la vice-présidence du groupe PPE auprès de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) ?

Thierry Mariani (T.M.) : En fait, je l’ai appris par un courrier qui m’a été adressé par le président de mon groupe. Il était clairement écrit que j’étais renvoyé de la vice-présidence du groupe PPE à la demande de la délégation ukrainienne, qui n’a pas aimé mes déclarations concernant la Russie et la Crimée.

RT France : Quelle a été votre réaction ? Que comptez-vous faire désormais ?

T.M. : Je suis très surpris parce que je trouve que prendre une telle décision, quelques mois après ma visite, est un peu bizarre. Deuxièmement je trouve cela complétement stupide et contreproductif. L’APCE doit être un lieu de dialogue et pas un lieu où l’on condamne. Ce n’est pas ce que j’attends de cette Assemblée qui se dit démocratique, mais ce n’est pas grave.

Premièrement, je vais continuer à aller à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en tant que parlementaire français. De plus, je continuerai à défendre les positions qui sont les miennes et auxquelles je crois. Et comme je fais partie de ceux qui détestent être mis sous pression, et puisque certains pensent me décourager en exerçant ce style de pression, je peux déjà leur annoncer qu’ils ont gagné. Je ferai le contraire et je retournerai très vite en Crimée avec une autre délégation française, plus nombreuse.

RT France : Quel est l’impact de cette décision sur vos convictions européennes ?

T.M. : Concernant mes convictions européennes, il y a longtemps que j’ai compris que très souvent l’Europe manquait d’indépendance et qu’elle est influencée par un grand voisin outre Atlantique. Cela ne fait donc que conforter mes convictions que l’Europe doit être indépendante et décider en fonction de ses intérêts sans suivre les consignes qui viennent par moment de très loin. Ensuite, je reste persuadé que c’est une erreur. L’Ukraine doit être un pont entre la Russie et le reste de l’Europe, elle ne doit pas au contraire être embrigadée dans un camp et ainsi se retrouver dans la situation qu’on connait aujourd’hui.

RT France : Nicolas Sarkozy parle de la nécessité de réformer l’Union européenne. Pensez-vous que sans un changement de mentalité vers une plus grande ouverture, l’UE restera incapable de se réformer?

T.M. : Le risque, c’est ce qui est en train de se passer en ce moment. C’est qu’on met au milieu de l’Europe une sorte de nouveau mur idéologique depuis ces deux dernières années. L’Europe est une réalité géographique qui doit devenir aussi une réalité de relations politiques et économiques. Mais avec les sanctions et le manque de dialogue, on obtient en réalité une Europe qui se coupe de la Russie. Au final, ne nous trompons pas, tout le monde est perdant.