Quand Michel Onfray décide de prend le pouls de la civilisation judéo-chrétienne, le diagnostic s'avère aussi peu rassurant que la culture du philosophe est foisonnante. Avec son nouvel ouvrage, Décadence, il dissèque l'histoire de l'avènement, de la grandeur et de ce qui est pour lui l'actuel déclin de l'Occident. Mais qu'entend exactement Michel Onfray lorsqu'il parle de la mort de notre civilisation ? «Elle a cessé d'être puissante. Elle n'arrive même plus à se soutenir elle-même. Elle est en décomposition», explique-t-il.
Comment, dans ces conditions, ne pas discuter longuement avec lui de l'échec de «l'Europe de l'argent», des ratés dans la coopération avec la Russie ou la Turquie, ou encore du terrorisme islamiste ?
Election présidentielle oblige, Michel Onfray revient également sur le paysage politique français qui a, selon lui, «perdu le sens de l'honneur». En outre, il estime qu'un Jean-Luc Mélenchon et une Marine Le Pen ne pourraient gouverner différemment. Ni «islamo-gauchiste», ni «islamophobe», il revendique une vision athée, l'esprit d'une «gauche libertaire» qui se doit de refuser l'idée reçue, en Occident, selon laquelle le «libéralisme est l'horizon indépassable du politique».
Reste-t-il chez lui une lueur d'optimisme pour notre ère ? Peut-être, mais la tâche lui semble ardue face à «25 ans de déculturation par l'école et le journalisme mondain télévisuel dominant» qui ont «éteint le génie populaire».
Pour notre civilisation qui serait en phase terminale, il ne reste, selon Michel Onfray, qu'à s'efforcer de disparaître debout et avec élégance. En élevant le débat. En parlant à l'intelligence des citoyens.
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