Entretiens

Isabelle Saporta : «Les normes agricoles sont faites pour l'agro-business»

Isabelle Saporta, journaliste spécialiste du monde agricole, vient de publier un livre intitulé «Foutez-nous la paix !» dénonçant les normes «délirantes» auxquelles seraient sujets les «artisans de la bonne chère».

Pour la journaliste, en France, «on dit toujours que c’est la faute de l’Europe» alors «qu’on est très bons tout seuls pour se mettre la tête sous l’eau». En effet, la France serait «trois, quatre crans au-dessus» des exigences bruxelloises, légiférant parfois sur la taille de l’herbe, le nombre de bottes dans les vestiaires, ou encore le nombre de kilomètres qu’un livreur de poulets élevés en plein air peut parcourir pour vendre sa marchandise.



Lire aussi : Crise de l'agriculture française : «on est sous la coupe de l’Union européenne»

Elle concède néanmoins que ces normes servent surtout les intérêts de «l’agro-business», étant donné que ce sont ces grandes entreprises qui ont le temps et les moyens de «faire du lobbying sur nos politiques pour obtenir les normes qui leur conviennent». Aujourd’hui, «les seuls produits à être dans les clous, ce sont les produits industriels aseptisés et standardisés», confie Isabelle Saporta.

Lire aussi : Crise agricole : «On se lève tous les jours, sept jours sur sept, pour perdre de l'argent»

Les «résistants» qu’elle a rencontré lors de son tour de France sont eux sortis de cette logique et sont revenus vers une agriculture de «bon sens paysan», à taille humaine. Par exemple, diminuer la taille du troupeau de vaches et remplacer le coûteux fourrage par la traditionnelle pâture au pré permet de réduire les coûts et augmenter les marges, en produisant un lait de meilleure qualité. Car dans ce système, «les seuls qui gagnent de l’argent sont ceux qui vendent des produits phytosanitaires, des médicaments ou de la nourriture pour le bétail, c’est absurde», affirme la journaliste.

Lire aussi : Jean-Frédéric Poisson : «Notre ministre de l’agriculture ne fait pas son travail»