Débattant face à Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), sur BFMTV le 13 avril, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a défendu bec et ongles la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron qui repousserait l’âge de départ à 65 ans. Pour répondre aux accusations d’inconstances de la part de son contradicteur, le ministre a sorti… la fiche de retraite de sa mère, femme de ménage.
«Le but, c’est qu’à 65 ans, [on puisse prendre sa retraite] sans décote. C’est le cas de ma maman !», a lancé Gérald Darmanin pour définir le nombre d’annuités nécessaires — une quarantaine selon le ministre, 43 selon Gabriel Attal cité par Jordan Bardella.
Accusant le président du RN de verser dans la caricature, Gérald Darmanin a alors tenté d’illustrer son argumentaire avec la fiche de paie de sa mère. «Je suis venu avec la fiche de retraite de ma maman, elle me le pardonnera ; elle est un peu complice», a-t-il voulu plaisanter.
«Elle est femme de ménage, et son âge de départ à la retraite, c’est 61 ans et deux mois ; mais si elle était partie [à cet âge], elle serait partie avec une grosse décote : elle serait partie avec 1 300 euros», a expliqué le ministre. «Elle doit attendre ses 66 ans et deux mois — j’ai sa feuille ici — pour partir avec une retraite à peu près acceptable», a-t-il encore continué, le papier en main, avant de conclure «que ceux qui vous promettent la retraite à 60 ans ou 62 ans sans faire d’économie» provoqueraient des départs à la retraite avec des décotes. «Pour les gens du peuple, les gens qui bossent dans des métiers difficiles, on ne peut pas partir avec une décote», a-t-il encore insisté.
Des économies réellement nécessaires à faire sur les retraites ?
Pourtant, un rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) rendu en juin 2021 semble nuancer l’argumentaire de Gérald Darmanin sur le besoin de faire «des économies» pour préserver le système de retraite. Le COR indiquait en effet : «Malgré le contexte de la crise sanitaire et le vieillissement progressif de la population française, les évolutions de la part des dépenses de retraite dans le PIB resteraient sur une trajectoire maîtrisée à l’horizon de la projection, c’est-à-dire 2070». Plus avant, le rapport a également estimé qu’à «l’horizon 2030, la part des dépenses de retraite dans le PIB serait un peu moins élevée que dans les projections de novembre 2020», et que par la suite, «à partir de 2030 et jusqu’au début des années 2060, la part des dépenses de retraite dans le PIB baisserait dans tous les scénarios mais avec une amplitude variable entre eux».