L'Allemagne, qui cherche à réduire sa dépendance au gaz russe, s'est engagée à «accélérer» la construction de deux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le cadre d'un accord énergétique de long-terme avec le Qatar, selon le ministère qatari de l'Energie ce 20 mars.
Cet accord a été conclu lors d'une visite du ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, à Doha alors que Berlin a entamé des démarches pour diversifier l'approvisionnement énergétique de l'Allemagne.
«Le gouvernement allemand a pris des mesures rapides et concrètes pour accélérer le développement de deux terminaux de GNL en Allemagne», une priorité devant «permettre l'importation à long-terme de GNL» dans ce pays, selon le ministère qatari de l'Energie.
Les deux parties «se sont mises d'accord pour que leurs entités commerciales respectives se réengagent et fassent avancer les discussions sur la fourniture de long terme de LNG du Qatar à l'Allemagne», a-t-il ajouté.
Plusieurs années de discussions avec Berlin n'avaient, auparavant, pas abouti «à des accords définitifs en raison du manque de clarté sur la place du gaz à long terme dans le bouquet énergétique de l'Allemagne et sur les infrastructures d'importation de GNL requises». Doha a invoqué le coût énorme des investissements dans la production de gaz pour justifier la nécessité de contrats de longue durée. Le Qatar, qui compte parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de GNL, prévoit d'augmenter sa production de 50% d'ici 2027.
A Berlin, une porte-parole du ministère allemand de l’Économie avait confirmé plus tôt dans la journée du 20 mars la conclusion d'un accord de long terme, précisant que l'étape suivante serait pour les entreprises concernées «l'entrée dans les négociations contractuelles concrètes». Robert Habeck s'est entretenu à Doha avec l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.
Les pays européens comptent de plus en plus sur le GNL comme alternative au gaz russe, à la suite de l'opération russe en Ukraine. La question est particulièrement délicate pour l'Allemagne, dont la moitié des importations de gaz viennent de Russie. Avant son voyage au Moyen-Orient, qui comprend également une visite aux Émirats arabes unis, Robert Habeck a déclaré le 19 mars à la radio Deutschlandfunk que le gouvernement s'inquiétait de la sécurité des approvisionnements en gaz de l'Allemagne pour l'hiver prochain.
«Si nous n'obtenons pas plus de gaz à l'hiver prochain et si les livraisons en provenance de Russie venaient à être coupées, alors nous n'aurions pas assez de gaz pour chauffer toutes les maisons et faire tourner toutes les industries», a prévenu le ministre écologiste. Cette semaine, Robert Habeck, également ministre du Climat, s'est aussi rendu en Norvège, important producteur de gaz, après un voyage aux Etats-Unis au début du mois.
Berlin s'est opposé à un embargo immédiat sur les hydrocarbures russes dans le but d'assécher les flux financiers vers Moscou, suite à l'offensive russe en l'Ukraine. Pour l'Allemagne, un tel boycott déstabiliserait l'économie et la société allemandes car il provoquerait une flambée du coût de l'énergie ainsi que des risques de pénuries.