Après l’Asie, les Bourses européennes ont creusé leurs pertes dès l’ouverture ce 7 mars. Vers 09h50, heure de Paris, Francfort lâchait 4,48%, Paris 4,25%, Milan 5,28% et la place de Londres, qui est plus résiliente depuis le début de cette crise, perdait 2,42%.
Dès 9h35, à la Bourse de Paris, Alstom, qui détient une participation de 20% dans le constructeur ferroviaire russe Transmashholding, a perdu de 12,45%. Les constructeurs automobiles Renault (-7,83%) et Stellantis (-10,05%) qui exploitent des usines en Russie étaient également pénalisés. A Francfort, Uniper, qui participait à la construction du gazoduc Nord Stream 2, cédait 10,90%. Les établissements bancaires dégringolaient : Société Générale lâchait 10,19%, les Allemands Commerzbank et Deutsche Bank perdaient respectivement11,93% et10,32%, l’Italien Unicredit chutant de 11,67%.
Le cour européen du gaz bondit de 60%
A l'inverse, les valeurs refuges ont connu des hausses importantes, telles l'or qui a brièvement dépassé 2 000 dollars l'once, une première depuis août 2020, et le dollar qui a gagné 0,66% face à l'euro.
Dans la foulée des prix du gaz, dont le cours européen a bondi de 60% à plus de 300 euros le mégawattheure, les cours des métaux, déjà sous tension, ont poursuivi leur hausse : l'aluminium a dépassé pour la première fois la barre des 4 000 dollars la tonne et le cuivre a atteint un nouveau plus haut historique à 10 845 dollars la tonne.
Face à l'aggravation de la guerre en Ukraine, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait déclaré le 6 mars que les Etats-Unis et l'Union européenne discutaient «très activement» de la possibilité d'interdire les importations de pétrole russe. Mais les Européens sont réticents, certains Etats comme l'Allemagne, dépendant du pétrole et du gaz russes, ayant déjà déclaré leur opposition à cette mesure.
Selon une note de la National Australia Bank publiée ce 7 mars et citée par l’AFP, à l’exception, d'une «fin des hostilités», il n’y a pas de perspectives «à l’horizon» pour ralentir la montée des cours du pétrole
«La hausse prolongée des prix du pétrole et des matières premières va probablement amener les économies européennes à rationner la consommation et va peser sur la reprise économique et les bénéfices des entreprises en 2022», estime pour sa part Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque Swissquote. Dans une note publiée ce week-end, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé qu’une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques «dévastatrices» au niveau mondial.
Les Banques centrales des principales économies sont également menacées, selon Michael Hewson, analyste chez CMC Markets (société de services financiers) pour qui «les perspectives de croissance économique se sont assombries». L’analyste observe aussi que «le tableau de l'inflation est encore pire, car les prix de l'énergie et des matières premières agricoles ont grimpé en flèche depuis le début de l'année, et [que] ce cocktail toxique pose un énorme problème aux Banques centrales».