Economie

Les migrants auront-ils raison de la rigueur budgétaire bruxelloise ?

Le pacte budgétaire européen impose aux Etats membres un déficit maximum de 3% du PIB, mais les coûts liés à la crise migratoire pourraient entraîner un assouplissement de cette règle.

«Cela sera du cas par cas, mais nous garderons à l'esprit le coût causé par les réfugiés», a déclaré Jean-Claude Juncker au Parlement européen jeudi dernier. Qualifiant la crise migratoire de «problème exceptionnellement sérieux», il a affirmé que la Commission européenne serait plus flexible lors de l'étude des déficits publics.

«Si un pays a fait de grands efforts, il devrait y avoir une compréhension proportionnée à ce qu'il a accompli. Mais si un pays est incapable de prouver qu'il a été affecté financièrement par les politiques vis-à-vis des réfugiés, alors nous n'appliquerons pas nécessairement de flexibilité concernant le Pacte de Stabilité et de Croissance pour eux», a déclaré M. Juncker.

La Commission a précisé que seules les politiques d’intégration, de logement, d'école, de santé, ou les dépenses liées au contrôle des frontières serait concernées par ces exonérations, tandis que des mesures telles que la construction de barrières frontalières n'en feraient pas partie. La Hongrie ou l'Autriche, qui vient d'annoncer qu'elle construirait une barrière à sa frontière avec la Slovénie, sont prévenues. Pourtant, avec l'Italie, l'Autriche a déjà demandé à la Commission d'exempter leur dépenses pour les réfugiés du budget qu'ils présenteront à l'Union Européenne.

Néanmoins, des apôtres de la rigueur budgétaire, dont le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble (bien que les dépenses de son pays liées aux réfugiés s’élèveront à seize milliards d'euros cette année), s'opposent à ce laxisme, de peur que d'autres pays profitent de cette opportunité pour faire passer des dépenses non liées aux réfugiés dans ces compensations. Le Premier ministre bulgare Boyko Borissov s'est lui aussi exprimé pour le respect de la règle des 3%, afin que la crise des réfugiés ne se transforme pas en crise financière. La Commission, elle, devrait se prononcer définitivement sur ce sujet d'ici au mois de décembre.