Economie

Conflit russo-ukrainien : les premières répercussions économiques

L'opération militaire lancée par la Russie en Ukraine ce 24 février a entraîné une chute du cours de la Bourse à Moscou ainsi que du rouble, et place les cours des hydrocarbures comme du blé sous tension, sur fond de sanctions.

Les effets du lancement d'une opération militaire par la Russie en Ukraine le 24 février se font déjà ressentir sur plusieurs plans. Après une suspension temporaire, la Bourse de Moscou a rouvert en forte chute. L'indice Moex, en roubles, est ainsi en baisse de 14%, tandis que le RTS, libellé en dollars, a plongé de près de 20%, selon les chiffres de la plateforme financière. Le cours du rouble a lui dévissé de près de 10% : le taux de change était d'environ 86 roubles pour un dollar et de 97 roubles pour un euro dans la matinée du 24 février.

La Banque centrale de Russie a annoncé une intervention sur le marché des changes pour «stabiliser la situation», prévoyant des mesures destinées à «fournir des liquidités supplémentaires au secteur bancaire» russe, menacé par les sanctions occidentales. «La Banque de Russie assurera le maintien de la stabilité financière et la continuité des opérations des institutions financières, en utilisant tous les outils nécessaires», a-t-elle précisé, assurant avoir des «plans d'action clairs pour tout scénario».

Les Bourses européennes ont chuté à l'ouverture le 24 février : à l'ouverture, Paris dégringolait de 4,19%, Francfort de 4,39%, Londres de 2,55%. L'Eurostoxx 50, indice européen de référence, chutait de 3,52%. Au plan mondial, les marchés boursiers avaient déjà fortement baissé en début de semaine, tandis que le CAC 40 parisien avait bouclé la séance du 23 février sur le sixième recul consécutif, en repli de 0,10%. Plusieurs entreprises françaises cotées sont particulièrement sensibles aux répercussions du conflit, dont Renault et TotalEnergies, comme le rappellent Les Echos. Le phénomène s'est confirmé le 24 février : le cours de Renault, présent en Russie via sa filiale Avtovaz, s'écroulait de 8,3% après avoir perdu plus de 10% lors des premiers échanges. Société Générale, présent via Rosbank, perdait 5,0% et Alstom, qui a une participation de 20% dans le constructeur ferroviaire Transmashholding, 4,7%.

Le baril de pétrole à plus de 100 dollars

Déjà élevé, le prix du baril de pétrole a lui dépassé les 100 dollars pour la première fois en plus de sept ans et frôle désormais les 103 dollars, la crise faisant redouter une envolée des prix de l'énergie, déjà fortement orientés à la hausse. Avant le début de l'opération militaire russe, le cours du blé avait lui augmenté de 12% en trois semaines, l'Ukraine et la Russie représentant environ 30% des exportations mondiales. Dans la matinée du 24 février, le cours du blé a encore augmenté de 5%. 

Les analystes et investisseurs s'inquiètent des répercussions du conflit sur le coût des matières premières, et sont confrontés à l'incertitude liée à l'ampleur des sanctions qui seront infligées par l'Occident à la Russie, celle-ci ayant également annoncé des mesures de rétorsion. Washington a annoncé sa volonté, dans le cadre d'une «première tranche» de sanctions présentée le 22 février, de couper la Russie de l'accès aux financements occidentaux.« Nous mettons en place de vastes sanctions sur la dette souveraine russe», avait annoncé Joe Biden. «Le Kremlin ne peut plus lever de fonds aux Etats-Unis ou en Europe et sa nouvelle dette ne peut plus être négociée sur les marchés financiers américains ou européens», avait complété le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Daleep Singh. Deux banques publiques russes, Vnesheconombank (VEB) et Promsvyazbank (PSB), ont également été visées par ces sanctions, se voyant interdire toute transaction avec les Etats-Unis et l'Europe.

«La Russie a prouvé qu'elle était capable de minimiser le préjudice infligé, quels que soient les coûts des sanctions», avait fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué du 23 février, précisant que les «pressions liées aux sanctions ne sauraient entamer la volonté russe de défendre fermement ses intérêts».