Economie

En raison d'un blocage institutionnel, le Liban pourrait perdre des millions d'euros d'aides

Alors que le Parlement libanais est à l'arrêt depuis plusieurs mois, le pays pourrait être privé des millions d'euros d'aide que lui verse, par exemple, la France ou la Banque mondiale.

Au Liban, plus rien ne bouge. Ni les ordures, qui s’amoncellent dans les rues depuis de longues semaines, ni le parlement. Or, cette paralysie qui dure depuis mai 2014 pourrait coûter très cher au pays du Cèdre. En effet, l’absence d’approbation par le Parlement pourrait entraîner l’annulation de prêts internationaux indispensables aux pays.

Canon à eau en action contre des manifestants libanais / Reuters
Des manifestant scandent des slogans alors que le police libanaise bloque le passage / Reuters
Des manifestants libanais tentent d’échapper aux gaz lacrymogènes / Reuters
Canon à eau en action contre des manifestants libanais / Reuters

Ainsi, la France, contributrice importante à l’aide accordée au Liban, a déjà dû annuler deux prêts de 46 et 70 millions d’euros qui étaient destinés à la construction d’écoles et au secteur de l’électricité. Un autre prêt validé par Paris pour l’assainissement de l’eau pourrait également être supprimé faute de ratification du code de l’eau par le parlement libanais

La Banque mondiale (BM) fait le même constat et le Liban pourrait perdre, en raison du conflit insoluble entre les deux principaux camps politiques du pays, plus de 500 millions de dollars d’aide. Pour que l'aide de la BM puisse être versée au Liban, la plus importante jamais attribuée au pays, les deux partenaire ont jusqu'au 31 décembre pour signer une convention de prêt. L'argent que pourrait donc recevoir le Liban doit servir servir à construire un barrage qui doit profiter en termes d’eau potable et d’irrigation à 1,6 million d’habitants.

Mais pour le moment rien ne prouve que cet argent sera débloqué, car le Liban ne semble pas prêt à voir son parlement entrer en action. «Dans nos discussions avec les institutions libanaises, il y a la dimension "réveillez-vous". Il faut séparer l'aspect politique de l'aspect économique et du développement car sinon cela peut avoir des conséquences graves pour le pays», prévient d’ailleurs Ferid Belhaj, directeur régional de la BM. «Le Liban est une priorité pour la France et c'est à contrecoeur que nous avons été obligés d’annuler des prêts parce qu'on ne pouvait plus les reporter ad vitam aeternam», a confié à l'AFP un diplomate de l'ambassade de France à Beyrouth .

Face à cette urgence, le président du Parlement, Nabih Berri, a annoncé qu’il allait convoquer une session législative «le plus tôt possible», après avoir reçu un «avertissement de la BM de rayer le Liban de la liste [des pays récipiendaires] de l'aide». Rien ne dit pourtant que le Liban pourra retrouver une unité, même pour un tel sujet. Depuis 2011 et le début de la guerre civile syrienne, le pays a vu les tensions entre détracteurs et alliés de Damas s'exacerber, dû faire face à un afflux de plus d'un million de réfugiés – soit le quart de la population libanaise. Cette guerre aurait même coûté 7,5 milliards de dollars à l'économie libanaise.

Le pays n'a d'ailleurs pas connu d'élections législatives depuis 2009, le Parlement ayant prorogé son propre mandat à deux reprises. L'été dernier, la crise avait atteint un paroxysme lorsque les ordures se sont amoncelées en plein air, les autorités libanaises demeurant incapable de trouver des solutions qui auraient permis de les traiter normalement.