L'inflation a atteint 7% en 2021, un record depuis juin 1982, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié le 12 décembre par le département du Travail. Ces 7% d'inflation restent cependant loin des 14,8% qu'avait connus le pays en 1980. Joe Biden, pour qui cette flambée du coût de la vie est un problème politique majeur, a souligné les «progrès» faits par son administration, mais a reconnu qu'il «restait du travail, avec des prix encore trop élevés, qui compriment le budget des ménages».
L'opposition républicaine reproche au président démocrate une politique inflationniste avec trop de dépenses, et fustige ce qu'elle appelle la «Bidenflation». Sur le seul mois de décembre cependant, la hausse a été moins forte qu'en novembre (0,5% contre 0,8%), notamment car l'augmentation des prix de l'énergie a ralenti pour la première fois depuis avril.
Le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Brian Deese, a salué le 12 janvier lors d'un point presse une «décélération bienvenue». «C'est encore trop haut mais ça va dans la bonne direction», a-t-il ajouté. Il a également annoncé de nouvelles mesures d'ici la fin du mois, pour résorber encore les problèmes d'engorgement dans les ports américains, et alléger la pression sur les prix.
Les regards se tournent désormais vers la banque centrale américaine (Fed), qui pourrait relever ses taux directeurs plus tôt et plus fort que prévu, pour tenter d'enrayer cette inflation qu'elle considérait, jusqu'à tout récemment, comme temporaire seulement.
Ainsi, ce 13 décembre, Lael Brainard, future vice-présidente de l'institution, a estimé, lors de son audition devant la commission bancaire du Sénat, que l'inflation était trop forte. «Notre politique monétaire est axée sur la réduction de l'inflation à 2% tout en maintenant une reprise qui inclut tout le monde. C'est notre tâche la plus importante», a-t-elle précisé.
Hausse des taux directeurs en vue
La Fed s'apprête en effet à tenter un numéro d'équilibriste en relevant ses taux directeurs pour endiguer l'inflation, sans freiner l'économie, ce qui compromettrait le redressement du marché du travail. Or en décembre, bien que le chômage soit tombé à 3,9%, les créations d'emplois sont restées à la traîne, et les inégalités très fortes. Le président de la Fed, Jerome Powell, qui a été entendu en début de semaine au Sénat, a promis d'agir «en conséquence» si l'inflation persistait au second semestre, préparant les esprits à une hausse des taux directeurs.
Pour Diane Swonk, économiste pour le cabinet d’audit Grant Thornton, citée par l’AFP, la Fed est passée «de la patience à la panique face à l'inflation en un temps record». Kathy Bostjancic, chef économiste pour le cabinet de prospective économique basé au Royaume-Uni Oxford Economics, prédit quant à elle que «les goulets d'étranglement persistants de la chaîne d'approvisionnement, dans un contexte de forte demande, maintiendront le taux d'inflation à un niveau élevé au moins au premier trimestre».
Le taux d’inflation élevé observé récemment aux Etats-Unis devrait entraver la mise en place du plan d'investissement social et environnemental de Joe Biden, «Build Back Better» (reconstruire en mieux), qui rencontre déjà une forte opposition, car accusé d'être inflationniste.