Economie

Pour la Fed, les tensions sur l’immobilier chinois pourraient avoir des conséquences mondiales

Les difficultés du secteur immobilier en Chine, plombé par les déboires du géant Evergrande, pourraient ralentir la croissance mondiale et affecter les Etats-Unis, selon le dernier rapport de la Fed sur la stabilité financière.

«Les tensions dans le secteur immobilier chinois pourraient mettre à rude épreuve le système financier chinois […], présenter des risques pour la croissance économique mondiale et affecter les Etats-Unis», s’alarme la banque centrale américaine (Fed) dans son rapport sur la stabilité financière daté de novembre.

Le géant chinois de la promotion immobilière Evergrande est en effet étranglé par une dette équivalant à 260 milliards d'euros. Et celle-ci menace l'ensemble du secteur immobilier en Chine car, face au risque de faillite de plusieurs promoteurs, les acheteurs sont méfiants et les prix des logements neufs sont en repli. Un autre promoteur immobilier chinois, Kaisa, dont la situation financière inquiète les marchés, a suspendu en fin de semaine dernière sa cotation à la Bourse de Hong Kong.

Pour la Fed, les tensions sur l’immobilier chinois pourraient se propager au système financier du pays par le biais de retombées sur les entreprises de crédit, entraîner une chute soudaine des prix de l'immobilier et inciter à la prudence les investisseurs.

Le rapport ajoute qu’il existe un risque que cette tension affecte l'ensemble de l'économie mondiale, «compte tenu de la taille de l'économie et du système financier chinois ainsi que de ses liens commerciaux étendus avec le reste du monde». Or depuis 2016, malgré les tensions commerciales entre les deux superpuissances, le volume des investissements étasuniens en Chine n’a cessé d’augmenter à un rythme rapide. A la fin 2020, 620 milliards de dollars avaient été investis dans les sociétés chinoises et en tenant compte des dizaines d’introductions en bourse d’entreprises chinoises sur les places financières des Etats-Unis, le risque dépasserait aujourd’hui les 1 000 milliards de dollars.

L'Europe source d'inquiétude elle aussi

Les conclusions de ce rapport contrastent avec les propos précédents du président de la Fed, Jerome Powell, qui avait estimé le 22 septembre que les Etats-Unis n'étaient «pas vraiment directement exposés» aux difficultés d'Evergrande. Il s'était cependant inquiété «que cela puisse affecter les conditions financières dans le monde en réduisant la confiance [des investisseurs globaux]».

Mais la banque centrale américaine voit aussi en Europe des raisons de s’inquiéter. En effet, elle redoute que «malgré des taux de vaccination élevés, l'émergence de nouveaux variants et une résurgence du Covid-19 pèse sur la reprise en cours en Europe». L'Europe pourrait, à son tour, affecter l'économie et le système financier des Etats-Unis par une chute de «l'appétit pour le risque [et] et un recul des prêts des banques européennes aux entreprises et ménages américains».

Enfin, la Fed estime qu’il existe un risque qu’un «retrait prématuré des mesures de soutien [de la Banque centrale européenne] réduise sensiblement la croissance économique et affecte la stabilité financière». Mais elle craint aussi qu'un retrait trop tardif de ces mesures de soutien favorise le prolongement des valorisations élevées de certaines classes d'actifs, notamment sur le marché de l’immobilier, «ce qui augmente le risque de corrections [chutes] soudaines du marché».