Economie

Brexit : les pêcheurs britanniques dénoncent la politisation d’un problème technique et la surpêche

En pleine escalade entre Londres et Paris autour des licences de pêche post-Brexit, les pêcheurs britanniques dénoncent une politisation du dossier par le gouvernement français, mais ils blâment aussi la surpêche.

Pour Neil Whitney, patron de l’About Time interviewé par l’AFP, le conflit autour des licences de pêche dans les eaux britanniques et anglo-normandes est «politique». Ce pêcheur rattaché au port de Newhaven, dans le sud de l’Angleterre, raconte que les coquilliers britanniques qui pêchent la coquille Saint-Jacques, «poussent le bouchon un peu plus et un peu plus tôt», et que les Français répliquent en leur « jetant des objets [et] en saisissant les bateaux», en référence à l'immobilisation au Havre du Cornelis-Gert Jan un bateau britannique accusé par la France de pêche illégale.

Quant au patron de la fédération britannique des organisations de pêcheurs, (NFFO), Barrie Deas, il estime que «la France a politisé un problème technique avant l'élection présidentielle». «Les discussions se sont déroulées de manière parfaitement civile et constructive, à la fois avec l'UE [Union européenne] et avec la France. Donc le problème ne se situe pas à un niveau technique», ajoute-t-il.

Il n'y a plus de poisson, les Français souffrent et nous aussi

Pour les pêcheurs britanniques, la polémique sur les droits de pêche est une menace de plus pour leur secteur, déjà touché par la chute des exportations post-Brexit, les conséquences du Covid ou encore l'essor de sociétés de pêche internationales au détriment des indépendants.

«On a été mis à terre», souligne quant à lui Martin Yorwarth, qui demande au gouvernement d'aider les pêcheurs artisanaux, mais selon lui, le problème subsistera tant que le problème de la surpêche ne sera pas résolu. «Il n'y a plus de poisson, les Français souffrent et nous aussi», explique-t-il.

Tout comme son collègue Neil Whitney, et la plupart des pêcheurs, il a voté pour la sortie de l'UE mais a le sentiment que l'accord post-Brexit ne tient pas les promesses faites au secteur. «Si on avait repris le contrôle de nos eaux et repris le contrôle de notre pêche, les choses auraient été différentes», explique-t-il, en confiant à l’agence le sentiment de déception des pêcheurs d’Outre-Manche.

Paris, qui a annoncé des représailles dès le 2 novembre à moins d'obtenir les licences exigées pour les pêcheurs français d'ici-là, a déjà verbalisé deux navires britanniques.