«Le fait que China Telecom America soit détenue et contrôlée par le gouvernement chinois constitue des risques significatifs pour la sécurité nationale et l'application de la loi», a estimé le 26 octobre la Commission fédérale des communications (FCC) des Etats-Unis dans un communiqué.
La commission a en outre estimé que China Telecom et le gouvernement chinois pouvaient «accéder, stocker, interrompre et/ou détourner les communications américaines» et que cela leur permettait de «perpétrer de l'espionnage et d'autres activités nuisant aux Etats-Unis».
En conclusion de ces accusations, la FCC a donné 60 jours à China Telecom America pour arrêter ses services aux Etats-Unis, où l’entreprise est présente depuis une vingtaine d'années.
«Promouvoir la sécurité nationale fait partie intégrante des responsabilités de la Commission pour défendre l'intérêt public, et notre action d'aujourd'hui correspond à cette mission», a ajouté la FCC.
Cette mesure a été annoncée quelques heures après une conversation en vidéoconférence entre des responsables chinois et américains portant sur le commerce, que Pékin a qualifiées de «pragmatiques, franches et constructives», selon l’AFP. Contacté par l'agence, China Telecom n'a pas répondu dans l'immédiat. L'annonce a fait nettement baisser les Bourses chinoises mercredi. A Hong Kong, l'indice des valeurs technologiques Hang Seng Tech perdait de plus de 3% à la mi-journée.
Pour Jun Rong Yeap, analyste chez IG Asia cité par l’AFP, le retrait de la licence de China Telecom par Washington «semble avoir douché les espoirs que les relations entre la Chine et les Etats-Unis redeviennent meilleures». Et selon lui, «les Etats-Unis pourraient être plus vigilants à l'égard des entreprises technologiques chinoises».
Le premier opérateur téléphonique chinois
China Telecom est le principal opérateur de téléphonie fixe en Chine. Ses actions avaient bondi de 20% en août lors de son entrée en bourse à Shanghai. Mais l’entreprise a dû quitter Wall Street en janvier, tout comme ses compatriotes et rivaux China Mobile et China Unicom, à la suite d'un décret de l'ex-président américain Donald Trump interdisant à tout citoyen américain d'investir dans des entreprises accusées d'être liées à l'armée et à l'appareil sécuritaire chinois.
En avril 2020, le ministère américain de la Justice avait déjà menacé de mettre un terme aux activités de China Telecom, déclarant que les agences gouvernementales américaines avaient «identifié des risques substantiels et inacceptables pour la sécurité nationale et l'application de la loi associés aux opérations de China Telecom».
Martijn Rasser, du Center for a New American Security (un think tank basé à Washington) a commenté pour Bloomberg ce geste, estimant qu’il envoyait envoie un message plus large à Pékin, à savoir que, «quel que soit le président, les Etats-Unis continuent d'être préoccupés par les risques posés par les entreprises technologiques chinoises opérant» dans le pays.