Economie

Relance : le Medef redoute «les difficultés à recruter» et «les pénuries de matières premières»

Le redémarrage de l’économie française fait craindre au patronat des difficultés de recrutement qui aboutiraient à des hausses de salaire. Et pour le syndicat FO, c’est la principale question de la rentrée sociale.

«La plupart des indicateurs sont au vert», s'est enthousiasmé, le 25 août, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, dans son discours introductif à la Rencontre des entrepreneurs de France (La REF). Devant les patrons réunis à l'hippodrome parisien de Longchamp, il a salué «la réactivité du gouvernement pour soutenir l'économie», et a remercié pour son action le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, sous des applaudissements nourris. 

«Rarement ministre de l’Economie avait reçu accueil aussi chaleureux au Medef. Bruno Le Maire en a rosi», va jusqu'à écrire Raphaël Legendre, chroniqueur pour le quotidien «libéral engagé» L'Opinion.

Mais selon le patron de l'organisation patronale, «le plus grand danger pour l'économie française aujourd'hui ce sont d'un côté les pénuries de matières premières et surtout les difficultés à recruter».

Elles seraient particulièrement fortes dans les services, dont la restauration, l'hôtellerie et le bâtiment. Et, alors que les négociations salariales se déroulent en général en début d'année, Geoffroy Roux de Bézieux estime qu'«il y aura forcément des augmentations [de salaires] assez significatives l'année prochaine».

Devant les entrepreneurs, Bruno Le Maire a fait valoir les dernières prévisions du gouvernement – en ligne avec les principaux organismes offrant ce type de statistiques comme l’Insee, la Banque de France ou Eurostat – qui prévoient pour 2021 une croissance de 6%.

un défi qui est très difficile, parce qu'on sait bien que si on est trop brutal [hausse des salaires], on a un risque de voir augmenter à nouveau le chômage

Selon le ministre invité au rassemblement du patronat, cette croissance «doit profiter à tous, tous sans exception notamment les salariés les plus modestes, notamment ceux qui ont des emplois à temps très partiel, notamment ceux qui ont les niveaux de qualification les plus faibles».

Sans aller jusqu’à menacer de légiférer, Bruno Le Maire, alors qu’il évoquait la rétribution des «métiers difficiles», a déclaré : «Je ne lâche rien, nous devons ouvrir ce débat.» Il a toutefois estimé qu'il s'agissait d'«un défi qui est très difficile, parce qu'on sait bien que si on est trop brutal [hausse des salaires], on a un risque de voir augmenter à nouveau le chômage».  

Le Medef rappelle ses attentes

En présence du ministre le Medef a rappelé ses attentes : une mise en place de la réforme de l'assurance-chômage au 1er octobre qui, selon l’argument développé, tant par le gouvernement lors de son vote, que le président du Medef, pourrait inciter davantage de chômeurs à reprendre un emploi. Confiant, malgré un premier barrage du conseil d’Etat, Bruno Le Maire a estimé que les conditions étaient remplies pour que la réforme puisse entrer en vigueur à cette date.

Le lendemain, sur les ondes de RMC, le secrétaire général du syndicat Force Ouvrière (FO) Yves Veyrier s'est félicité de voir le sujet des rémunérations s'imposer et a déclaré : «La question des salaires va être une question que l'on va mettre au centre de cette rentrée». Pour lui, « deux moyens d'agir» : le Smic, d'une part, qui «a le mérite d'augmenter immédiatement les bas salaires et de donner une dynamique aux négociations de salaires dans les branches [et] l'indice de la rémunération de base des fonctionnaires, gelé depuis plus de dix ans».