«Dans le pire des cas, on a un risque sur 150 000 emplois en France : 100 000 dans la filière industrielle et 50 000 dans les services, qui disparaîtraient complètement», a affirmé le 15 juillet sur France info François Roudier, porte-parole de la Plateforme automobile (PFA), une organisation qui regroupe 4 000 entreprises, constructeurs et équipementiers de l'automobile.
La veille, la Commission européenne avait proposé d'interdire à partir de 2035 la vente de voitures neuves à essence ou diesel, pour atteindre un transport complètement décarboné en 2050.
Comme le secteur aérien – qui ne pourra plus bénéficier de kérosène non taxé pour les vols intra-européens dès 2023 –, l'industrie automobile s’inquiète du projet européen et réclame une transition moins rapide vers le zéro émission. «Il y a une vraie inquiétude en France sur ces mesures qui sont un peu extrêmes», a déploré François Roudier.
La Commission européenne mise essentiellement sur les voitures électriques pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions, tandis que le gouvernement français et l'industrie automobile hexagonale défendent notamment les voitures hybrides rechargeables, qui ont un moteur électrique d'appoint en plus du moteur thermique. Mais ces véhicules, plus lourds que leurs équivalents thermiques, avec leurs deux moteurs, peuvent être plus polluants s'ils ne sont pas rechargés, et ne permettront pas à eux seuls d'atteindre zéro émission.
Le porte-parole de PFA a estimé que le coût de production et la reconversion des PME seraient des points sensibles de la transition vers le tout électrique. Selon lui, l'investissement nécessaire s'élèvera à 17,5 milliards d'euros, dont un tiers «au moins» pris en charge par l'Etat.
FO et CFDT : des positions radicalement opposées
Côté syndicats, la fédération FO de la métallurgie a appelé à «ne pas sacrifier l'industrie sur l'autel du climat». Dans un communiqué de presse publié sur son site, la fédération syndicale estime qu’«il ne s'agit pas de remettre en cause l'urgence climatique», mais ajoute : «La transition énergétique doit se faire avec l’industrie et pas contre l’industrie. Elle ne doit pas non plus apporter de la souffrance sociale et mettre à mal l’emploi.»
Mais c’est un tout autre son de cloche qui s’est fait entendre chez la CFDT du groupe Renault, qui dans un communiqué de presse «accueille avec satisfaction les annonces faites le 14 juillet par la Commission européenne». Le syndicat, qui a publié le 30 juin un rapport intitulé «Comment relever les défis d’une transition juste», réalisé avec l’aide de la Fondation Nicolas Hulot, est lui favorable à une «mutation accélérée du secteur» et estime que «la politique actuelle des petits pas mène à un retard significatif de la France».