«Un accord a été trouvé pour annuler l'ensemble des sanctions visant les secteurs des assurances, du pétrole et du transport qui avaient été imposées par [l'ancien président des Etats-Unis Donald] Trump», a déclaré Mahmoud Vaezi, chef de cabinet de la présidence iranienne, selon les médias publics iraniens consultés le 23 juin par l’agence Reuters.
«Quelque 1 040 sanctions datant de l'époque de la présidence Trump seront levées dans le cadre de cet accord. Il prévoit également la levée de certaines sanctions ciblant des individus et des membres de l'entourage du guide suprême», a-t-il précisé.
Le même jour, à l’occasion d’une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, le ministre allemand des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas a quant à lui déclaré : «Nous avançons pas à pas dans chaque cycle de négociations et nous supposons que dans le contexte de l'élection présidentielle [iranienne], il y a de bonnes possibilités de les conclure dans un avenir prévisible.»
En fin de semaine Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale du président des Etats-Unis Joe Biden, déclarait toutefois qu'il restait encore «une longue distance à parcourir». Mais des responsables du camp du président iranien sortant Hassan Rohani, en fonction jusqu’à la fin du mois de juillet, ont déjà laissé entendre que les Etats-Unis étaient prêts à faire d'importantes concessions dans le cadre des pourparlers lancés en avril à Vienne.
Ultimes divergences sur le calendrier
Ces négociations visent à fixer un cadre pour le retour des Etats-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien ou Plan d'action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais) dénoncé par Donald Trump en 2018. L'administration Biden n’a pas caché son intention de réintégrer l'accord, mais des divergences avec l’Iran subsistent sur le calendrier de sa mise en œuvre. Signé le 14 juillet 2015 à Vienne par l'Iran et le P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Organisation des nations unies : Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne plus l’Allemagne), cet accord prévoyait des limitations sur le programme nucléaire iranien en contrepartie de la levée de sanctions internationales visant Téhéran.
Dans le sillage du retrait des Etats-Unis et du retour des sanctions en 2018, l'Iran s'est progressivement affranchi des obligations fixées pour son programme nucléaire. Les discussions dans la capitale autrichienne, où siège l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ont été ajournées le 20 juin - pour une dizaine de jours selon «deux diplomates» cités par Reuters - deux jours après l'élection présidentielle iranienne, remportée le 18 juin par Ebrahim Raïssi, figurant sur une liste noire américaine.
Un accord avant la prise de fonction d'Ebrahim Raïssi
Mais pour les responsables iraniens et occidentaux, l'accession d'Ebrahim Raïssi à la présidence ne devrait pas remettre en cause les négociations en cours qui relèvent principalement du guide suprême de la Révolution Ali Khamenei.
Sans attendre l’issue des négociations en cours à Vienne, le service de presse du ministère iranien du Pétrole a d'ailleurs annoncé le début de l’exploitation du nouveau gisement pétrolifère géant d’Abuzar, situé au sud-ouest de l'île de Kharg dans le golfe Persique. Javad Rostami, responsable de l'ingénierie pétrolière de l’Iranian Offshore Oil Company qui exploite ce réservoir a affirmé qu’il pourrait produire entre 6 000 et 10 000 barils par jour (b/j).
Cette annonce implique une hausse de la production pétrolière iranienne à la veille d’un retour de Téhéran sur le marché mondial du pétrole permis par la levée attendue des sanctions américaines. Ce retour se ferait dans un contexte de reprise de la consommation mondiale qui a propulsé les prix du baril de brut aux environs de 75 dollars pour les principales références (Brent 75,77 dollars, Texas WTI 73,89).