Economie

Dette africaine : Macron mise plus de 5 milliards d'euros sur le Soudan

Paris a accueilli un premier événement diplomatique consacré à la «transition soudanaise». Un sommet de donateurs où la France s’est distinguée par le montant de son aide, annulant notamment les 4 milliards d'euros de dette de Khartoum.

«Cette conférence, le peuple soudanais ne l’oubliera pas et il n’oubliera pas que c’est vous qui l’avez organisée», déclarait à Paris le 17 mai le président soudanais Abdel Fattah Al-Burhan, s’adressant au président de la République française Emmanuel Macron, en clôture de la Conférence internationale pour le Soudan.

Lors de ce premier rendez-vous diplomatique en présence physique de ses participants, le président français a annoncé l’annulation de la créance française envers le Soudan. Elle s’élève à 5 milliards de dollars (environ 4 milliards d’euros), soit la plus importante parmi les membres du Club de Paris, les créanciers étatiques qui détiennent 38% des 60 milliards de dollars de la dette soudanaise.

Emmanuel Macron a en outre engagé la France à prêter 1,5 milliard de dollars (1,23 milliards d'euros) au Soudan pour lui permettre de couvrir son arriéré à l'égard du Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre de l’initiative dite des Pays pauvres très endettés (PPTE) partagée par le FMI et la Banque mondiale. L'Allemagne a également annoncé son intention de consentir une remise de dette de 360 millions d'euros, en plus d'une aide 90 millions d'euros pour aider Khartoum à solder son arriéré avec le FMI.

Une quinzaine de dirigeants d'Etats africains, européens et du Golfe ainsi que des représentants des principales organisations internationales – FMI, Banque mondiale et Union africaine – se sont déplacés pour faire leurs promesses de dons au Soudan. Un pays rentré dans le rang international, deux ans après plusieurs mois de manifestations conclues par un coup d’Etat armé qualifié de révolution «post-islamiste» par Emmanuel Macron lors de la conférence, «parce qu’elle a mis fin pour la première fois dans toute la région à un régime utilisant l’arme de l’islam politique pour couvrir ses errements et pour diviser son peuple».

«Un nouveau champ de possibles»

Le président français a aussi évoqué le retrait, en décembre, du Soudan de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, et son engagement personnel dans ce but, lequel a, selon le président «ouvert un nouveau champ de possibles». C’est-à-dire que la levée de ces sanctions, couplée à l’apurement des arriérés de dette auprès du FMI permet désormais au Soudan de retrouver l’accès aux marchés de capitaux pour financer son développement. En théorie seulement, car l’état de son économie en récession et plombée par une inflation à deux chiffres le rendra encore longtemps dépendant de prêts bilatéraux de type Club de Paris, le Soudan n’ayant aucune chance de trouver de bailleurs sur les marchés privés à des taux acceptables.

Riche en ressources pétrolières et minières, Khartoum croule sous une dette extérieure de 60 milliards de dollars (plus de 49 milliards d'euros) qui représente près du double de son produit intérieur brut (34,4 milliards de dollars en 2020 selon le FMI).

Lors de la conférence, le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok a évoqué le développement futur et l’émigration, érigeant en priorité l'emploi des jeunes, «pour qu’ils restent dans le pays au lieu d'entamer ce voyage si périlleux pour traverser la Méditerranée».

Nous nous occupons de la dette. Vous pouvez investir dans ce pays. 

Des investissements étrangers dans les infrastructures, l’agriculture, l'énergie, les minéraux ou encore les communications sont attendus comme résultats du processus de désendettement du Soudan soutenu par l’initiative française.

«Nous nous occupons de la dette. Vous pouvez investir dans ce pays. Il n'y a pas de raison de ne pas investir au Soudan désormais», a résumé Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie cité par l’AFP.