Marcelo Ebrard Casaubon, ministre mexicain des Affaires étrangères a déclaré que son pays produirait prochainement le vaccin russe Spoutnik V contre le COVID-19, lors d'une réunion de travail à Moscou le 28 avril en présentiel filmée et publiée sur le compte Twitter du ministère des Relaciones exteriores du Mexique.
C’était le sujet principal de ses discussions vouées à trouver une compensation aux retards d’expédition des premières doses du vaccin. Au Mexique – qui a autorisé les préparations de plusieurs laboratoires – seules un million de personnes (sur une population totale de plus de 125 millions) ont jusqu'à présent été vaccinées avec le Spoutnik V. Mexico a signé un accord avec le fonds souverain russe RDIF qui commercialise le vaccin pour la fourniture de 24 millions de doses d’ici mai.
Une semaine plus tôt le RDIF et la société pharmaceutique Richmond SACIF avaient déclaré dans un communiqué commun que l'Argentine devenait le premier pays d'Amérique latine à démarrer la production du vaccin russe contre le coronavirus Spoutnik V, à partir de juin.
Téhéran veut devenir une plaque tournante
En début de semaine l’ambassadeur d’Iran en Russie a déclaré à Moscou, dans une interview au quotidien Izvestia, rapportée par l’agence TASS, que Téhéran avait l'intention de devenir une plaque tournante de la production de vaccins russes au Moyen-Orient. Selon l’agence, l’Iran a commencé le 9 février sa campagne de vaccination avec le Spoutnik V par le personnel des urgences et les employés des unités de soins intensifs. La prochaine étape consistera à vacciner tous les autres agents de santé et les personnes de plus de 65 ans.
L’ambassadeur a ajouté qu'après avoir vacciné la population de la République islamique, le pays commencerait à fournir une assistance aux autres. La fabrication du vaccin par l’Iran sera autorisée par la Fédération de Russie, de sorte que Moscou et Téhéran décideront conjointement où envoyer le vaccin, a-t-il ajouté.
A peu près au même moment, le Fonds russe RDIF, qui a financé le développement du Spoutnik V, a annoncé qu'un accord avait été conclu avec le groupe pharmaceutique turc Viscoran İlaç, en vue de la production du vaccin russe en Turquie. Celle-ci doit démarrer dans les prochains mois, en partenariat avec d'autres entreprises turques.
Une semaine auparavant, 19 avril il a aussi annoncé la conclusion d'un accord avec l'entreprise chinoise Hualan Biological Bacterin en vue de la production de 100 millions de doses du vaccin. Ce nombre doit permettre la vaccination effective de 50 millions de personnes, comme le précise le communiqué du RDIF.
Début Avril, l’Algérie a annoncé qu’elle commencerait à produire localement le Spoutnik V à partir de septembre tandis qu’elle a démarré la vaccination de son personnel soignant avec la préparation fin janvier. En décembre, le pays le plus peuplé du Maghreb (44 millions d’habitants), relativement peu touché par la pandémie, avait commandé 500 000 doses du vaccin russe en complément de celui qui a été développé par AstraZeneca.
A la mi-avril, l’Inde est devenue le 60e pays à autoriser la vaccination par le Spoutnik V développé par l’Institut de recherche Gamaleïa près le ministère de la Santé de la Fédération de Russie. Désormais, le Spoutnik V est autorisé dans 62 pays sur quatre continents. En Amérique, c’est le cas notamment au Mexique, en Argentine, en Bolivie, au Guatemala, dans plusieurs micro-Etats des Antilles… mais pas au Brésil… ni aux Etats-Unis.
En Afrique, il est autorisé sur une grande partie du continent depuis le Maghreb jusqu’à l’Afrique australe, en passant par la côte ouest et la Corne d’Afrique. En Asie, il a été approuvé du Liban au Vietnam en passant par les Etats d’Asie centrale et du sud-est.
Polémiques et crise en Europe
En Europe enfin, le Spoutnik V a été autorisé en Slovaquie, en République de Macédoine du Nord, à San-Marin et en Biélorussie, mais l'EMA, agence chargée du médicament pour l'Union européenne, n'a pas encore donné son autorisation ni fixé d'échéance concernant sa décision sur le Spoutnik V. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a toutefois annoncé le 22 avril que ce vaccin serait examiné conjointement par ses experts et ceux de l'EMA dans le cadre d'un nouveau cycle le 10 mai.
En France, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune a estimé début avril, lors d’une audition en commission au Sénat, que le vaccin russe ne serait vraisemblablement pas autorisé «avant la fin du mois de juin».
Pourtant le Spoutnik V n’en suscite pas moins de l’intérêt au sein de l’Union européenne (UE) et quelques polémiques. Ainsi, l’Allemagne a décidé de faire cavalier seul pour effectuer des précommandes de millions de doses de la préparation russe en avril. Un geste de Berlin dénoncé comme un «coup de communication» le 11 avril. En France, Renaud Muselier président (Les Républicains) de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a déclaré le 14 avril sur RTL qu’il s’était entretenu avec l’ambassadeur de Russie en France pour passer une pré-commande de 500 000 doses. A l’occasion il avait souligné que la France était le seul des cinq Etats membres permanents du Conseil de sécruité de l’ONU à ne pas disposer de vacccin.
Dans l'est de l'Union européenne, le vaccin russe a déclenché une crise politique en Slovaquie où le Premier-ministre Igor Matovic a démissionné après avoir été désavoué par la coalition au pouvoir pour sa décision d'en acheter 2 millions de doses. En février la Hongrie a délivré une autorisation exceptionnelle pour le vaccin russe sans attendre l'avis de l'EMA et l'Italie évoque des projets pour le produire.
La Russie a été le premier pays à enregistrer un vaccin anti-coronavirus le 11 août 2020. C’est un vaccin de type adénovirus vectoriel basé sur l'humain. Début février 2020, The Lancet, une revue médicale de renommée mondiale, a publié les résultats de la troisième phase des tests cliniques de Spoutnik V, assurant qu’il était un des plus sûrs et des plus efficaces au monde. La Russie elle-même n’a commencé la production du Spoutnik qu’au début du mois de février.