Une semaine après le feu vert du Danemark qui permettait l'exploitation des pipelines du projet de gazoduc Nord Stream 2 sur le plateau continental danois, rendant possible la dernière étape du chantier, Gazprom a été sanctionné par la Pologne, opposante farouche au projet. Cinq autres sociétés occidentales engagées dans la construction du gazoduc, le français Engie Energy, l'allemand Uniper, l'autrichien OMV, l'anglo-néerlandais Shell et l'allemand Wintershall, ont également été condamnées à une amende globale de 52 millions d'euros. L'UOKiK reproche à ces entreprises d'avoir créé une coentreprise sans son accord.
En 2016, UOKiK avait estimé que Nord Stream 2 pouvait nuire à la concurrence et refusé d'approuver le consortium, avant de lancer deux ans plus tard une procédure contre ces sociétés. «Conformément à la décision du président de l'Office de la concurrence et de la protection des consommateurs, les entités sont tenues de résilier les accords conclus pour financer le gazoduc Nord Stream 2», a noté l'UOKiK dans un communiqué cité par l'AFP.
Gazprom a immédiatement réagi à cette décision en se disant, dans un communiqué, «fondamentalement en désaccord avec la position de l'UOKiK» et l'amende infligée, affirmant que «le projet n'a pas été mis en œuvre par une coentreprise, mais par une filiale de Gazprom avec un financement par emprunt».
«Le montant sans précédent de l'amende indique une volonté de s'opposer à la mise en œuvre du projet Nord Stream 2 par tous les moyens», dénonce Gazprom, annonçant son intention de faire appel de la décision. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pour sa part indiqué ne pas douter que Gazprom ferait «tout ce qui peut et doit être fait» pour répondre à ces mesures.
Les partenaires européens de Gazprom ont également exprimé leur désaccord avec la décision du régulateur polonais. Ainsi, les entreprises allemandes Uniper et Wintershall Dea, la compagnie autrichienne OMV et la société anglo-néerlandaise Shell ont commenté la situation. «Nous étudions actuellement cette décision et examinons les prochaines étapes à suivre», a déclaré un représentant de Shell à l'agence RIA Novosti. OMV a souligné qu'il respectait toutes les lois en vigueur, tandis que l'allemand Uniper a indiqué que la société, en désaccord avec la décision polonaise, envisageait également de faire appel.
La vice-présidente de la Commission européenne et commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, a indiqué pour sa part n'avoir pas coopéré avec Varsovie sur ce dossier et ne pas connaître les détails de l'amende. Elle a souligné que des amendes aussi élevées étaient «très rares». Après l'annonce de l'amende, les actions du géant gazier russe ont baissé de près de 1,6% à la Bourse de Moscou.