Economie

La Commission européenne retoque le budget espagnol

La Commission européenne a mis en garde l'Espagne contre les dépenses excessives du gouvernement qui constitueraient, selon elle, une violation des règles budgétaires de l'Union. Bruxelles n'hésite pas à brandir la menace d'un rappel à l'ordre.

Madrid devra «prendre les mesures nécessaires pour s'assurer que le budget 2016 sera compatible avec le pacte de stabilité», a déclaré le Commissaire européen à l'Economie, Pierre Moscovici, au terme d'une réunion des ministres de la zone euro qui s'est tenue au Luxembourg le 5 octobre.

En effet, malgré les efforts accomplis, l'Espagne afficherait un déficit budgétaire de 4,5%, au lieu de 4,2% pour 2015, et de 3,5% au lieu de 2,8% pour 2016. Or, selon les textes communautaires, le déficit des Etats européens ne doit pas dépasser 3% du PIB.

Au pouvoir depuis 2011, le gouvernement de droite conduit par Mariano Rajoy avait mis en oeuvre une politique d'austérité sans précédent pour réduire de façon drastique son déficit budgétaire et ainsi rester dans les clous européens. De 10,6% en 2012, le déficit budgétaire du pays était ainsi tombé à 5,8% en 2014.

Pierre Moscovici a annoncé que la Commission adressera un avertissement officiel au gouvernement du Premier ministre espagnol, lequel devra également lui présenter un budget révisé d'ici le 23 novembre prochain. L'organe exécutif européen rendra alors son avis lors une réunion exceptionnelle des ministres des Finances de la zone euro.

Cependant, le ministre des Finances, Luis de Guindos, a voulu se montrer rassurant en estimant que l'évolution des recettes fiscales permettrait de tenir les objectifs européens en 2016.

Quoi qu'il en soit, l'admonestation européenne pourrait affaiblir les positions du gouvernement espagnol alors que les prochaines élections législatives doivent se dérouler le 20 décembre prochain. C'est justement à cause de cette échéance électorale que Mariano Rajoy avait décidé de présenter à l'avance en son projet de budget 2016 afin que ce dernier soit examiné au plus vite par la Commission européenne.

Pour le moment, si le gouvernement conservateur du Parti populaire espagnol (PPE) bénéficie de la majorité absolue au Parlement espagnol, les sondages d'opinion suggèrent que le parti socialiste est en pleine ascension et qu'il pourrait même le talonner rapidement.

Podemos, le parti anti-austérité qui dénonce la politique du gouvernement actuel, arrive en troisième position dans les intentions de vote. Or, tout annonce que la question économique sera l'un des enjeux de ce scrutin.