Economie

Les inégalités économiques se sont creusées en 2018, selon l'Insee

Dans sa dernière enquête sur les inégalités de niveau de vie, l'Insee a conclu à une augmentation des inégalités entre les ménages les plus riches et les plus pauvres en 2018. Des résultats notamment imputé aux réformes économiques du gouvernement.

L'enquête du mois de septembre de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur les inégalités de niveau de vie portant sur l'année 2018 a conclu à une augmentation des inégalités entre les ménages les plus riches et les plus pauvres. Les statistiques de l'Insee sont tirées de l'enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) portant sur un échantillon de 50 300 ménages vivant en France métropolitaine. Particulièrement attendues, ces études permettent d'analyser les effets des premières réformes depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir en 2017. Le constat est sans appel : «En 2018, les niveaux de vie évoluent de façon contrastée. Celui des ménages les plus aisés augmente nettement. Il bénéficie de la progression des revenus du patrimoine, liée à la forte hausse des dividendes dans un contexte de fiscalité plus incitative à leur distribution plutôt qu'à leur capitalisation et d'une hausse des revenus d'activité. Celui des ménages les plus modeste se replie, principalement en raison d'une baisse des allocations logement.»

Selon l'Insee, la réforme des allocations logement décidée par le gouvernement en juillet 2017 a engendré une baisse de revenus pour les foyers les plus modestes, timidement compensé par une baisse des loyers dans le parc social. En outre, l'Insee pointe l’impact des réformes de 2018 de la fiscalité du capital et en particulier de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et son remplacement par un impôt sur la fortune immobilière (IFI). Selon l'Insee, «le niveau de vie des plus aisés augmente du fait de la progression des revenus du patrimoine».

Une évolution qui n'est pas nouvelle. Toujours selon l'Insee, en 2008, le dixième des ménages les moins favorisés disposaient d’un niveau de vie mensuel moyen de 745 euros (en euros constant de 2018, sans prise en compte de l'inflation). Dix ans après, le niveau de vie de ces mêmes ménages a diminué passant à 715 euros. Dans le même temps, le niveau de vie moyen dixième le plus favorisé est passé de 4960 euros en 2008 à 5090 euros en 2018. Baisse de 4% pour les plus démunis et une hausse de 3% pour les plus favorisés.

Une accélération du phénomène

Néanmoins, l'Insee constate une «nette hausse» des inégalités de niveau de vie entre 2017 et 2018. Pour le justifier, les chercheurs de l'Insee ont comparé l'indice de Gini (qui mesure les inégalités). Ce dernier est passé de 0,289 en 2017 à 0,298 en 2018. Ainsi les foyers les plus aisés perçoivent «une part des niveaux de vie 4,4 fois plus importante» que les ménages les plus modestes soit une augmentation de 0,13 points en un an.

Un niveau historiquement haut. Là encore, l'Insee pointe la progression des revenus des plus aisés avant redistribution. En outre, les 20% de Français les plus aisés perçoivent près de 40 % de la masse totale des niveaux de vie la ou les Français les plus pauvres en prévoient un peu moins de 10%.

Un phénomène qui concerne aussi les retraités. Alors que ces derniers sont sous-représentés parmi les français au niveau de vie les plus faibles, la proportion de retraités pauvres «progresse de 1,1 point entre 2017 et 2018 alors qu'elle était relativement stable depuis 2014». Une augmentation encore plus marquante à l'analyse du taux de pauvreté des personnes seules âgées de 65 ans ou plus (+ 2,1 points). Le niveau de vie des retraités a diminué de 1,9 % en euros constant en 2018. Ces évolutions sont expliquées par la hausse de la CSG et la non revalorisation des pensions soumises au régime général.

Des chiffres révélés alors que le gouvernement a présenté le 3 septembre son plan de relance vivement critiqué par syndicats et opposition qui dénoncent des baisses de fiscalité pour les entreprises, sans contreparties.