Quelques grandes entreprises ont pu réaliser des «bénéfices exceptionnels» pendant la crise sanitaire mondiale au profit de leurs actionnaires. C'est ce que dénonce un rapport publié le 10 septembre par l'ONG Oxfam, qui plaide pour la mise en place de taxes.
«Une poignée d'entreprises, essentiellement américaines, réalise des bénéfices exceptionnels pendant la crise, alimentant la fortune de leurs fondateurs et de leurs riches actionnaires alors même qu'une large partie de l'économie mondiale est encore à terre», souligne ainsi Oxfam dans un communiqué mis en ligne sur son site.
109 milliards de plus pour 32 multinationales, dont les GAFAM
Elle a recensé, en s'appuyant sur une base de données financières, 32 multinationales qui devraient voir leur bénéfices progresser de façon «spectaculaire» cette année : elles devraient cumuler, selon l’ONG, «109 milliards de dollars de plus que leur bénéfice moyen réalisé au cours des quatre années précédentes».
Parmi ces groupes figurent les géants technologiques américains Microsoft (environ 19 milliards de dollars de profit supplémentaire), Facebook (7 milliards), Google (7 milliards), Amazon (6,5 milliards) et Apple (6 milliards).
«Une large partie de ces bénéfices a été reversée à de riches actionnaires, alimentant les inégalités mondiales», déplore également Oxfam. Les 25 milliardaires les plus riches du monde ont vu leur richesse cumulée «augmenter de 255 milliards de dollars» entre mi-mars et fin mai, selon l'ONG.
Le patron d'Amazon, Jeff Bezos, a dépassé la barre des 200 milliards de dollars de patrimoine le 26 août selon Bloomberg. En huit mois, il en a amassé plus de 87, établissant un nouveau record. Il a bénéficié des excellents chiffres d'Amazon, boostés par la pandémie.
Oxfam demande ainsi aux gouvernements de «taxer les entreprises qui ont réalisé des bénéfices exceptionnels pendant la crise» et de prendre «des mesures en faveur d'un partage plus équitable des richesses et des pouvoirs au sein des entreprises».
Des dividendes malgré la pandémie
Dans son rapport, Oxfam relève également que de nombreuses entreprises partout dans le monde «continuent de verser coûte que coûte des dividendes à leurs actionnaires, malgré des résultats en berne».
Sans conditions, les aides publiques risquent de renforcer encore davantage la mainmise des actionnaires sur les choix stratégiques des entreprises
En France, 23 entreprises du CAC 40 ont décidé de verser des dividendes cette année, en dépit des appels à modération du gouvernement, selon Oxfam, qui souhaite que les aides prévues dans le plan de relance français soient conditionnées «à la mise en place d'objectifs socio-écologiques pour les grandes entreprises».
«Sans conditions, les aides publiques risquent de renforcer encore davantage la mainmise des actionnaires sur les choix stratégiques des entreprises, accroître la déconnexion avec l'économie réelle et retarder la transition écologique», estime Quentin Parrinello, porte-parole d'Oxfam France, cité dans le communiqué.