Dans un entretien publié le 2 septembre par Le Figaro, le Premier ministre Jean Castex a assuré que le plan de relance, intitulé «France Relance», a été conçu de manière à «projeter la France dans l’avenir tout en ayant des effets immédiats». «Grâce à France Relance, nous serons revenus au niveau d’avant-crise dès 2022», a plaidé l'ancien maire de Prades. En tout état de cause, après la crise sanitaire et face au défi industriel auquel est confrontée la France, le gouvernement affirme vouloir créer des emplois tout en accélérant la transition écologique, comme en témoigne son plan de relance de 100 milliards d'euros sur deux ans, pour lequel l'AFP a détaillé les contours ce 3 septembre.
35 milliards pour la compétitivité des entreprises
Le volet compétitivité devrait s'élever à 35 milliards d'euros selon l'agence de presse qui évoque «une baisse pérenne de 10 milliards d'euros des impôts de production [soit 20 milliards sur les deux ans du plan de relance], via notamment une réduction de moitié de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises [soit 7 milliards] et la baisse de moitié des impôts fonciers pesant sur les sites industriels».
Cette baisse des impôts de production bénéficierait à 42% aux entreprises de taille intermédiaire (ETI), à 32% aux PME et à 26% aux grandes entreprises, selon le gouvernement.
Sont également prévus trois milliards d'euros de soutien aux fonds propres des entreprises, via une garantie publique associée aux prêts participatifs accordés par les banques ou à des fonds qui seraient labellisés par l'Etat. «Le gouvernement espère ainsi créer un effet de levier et mobiliser le secteur bancaire entre 10 et 15 milliards d'euros», selon l'AFP.
L'Etat entend subventionner à hauteur d'un milliard d'euros le développement industriel sur les territoires, soit 400 millions d'euros pour le dispositif existant des territoires d'industrie et 600 millions pour un appel à projet sur la relocalisation de productions en France.
11 milliards d'euros sont en outre prévus dans le prochain Programme d'investissements d'avenir (PIA), et pourraient être fléchés vers le plan de relance, notamment dans le cadre des aides à l'innovation de Bpifrance, banque publique d'investissement.
385 millions d'euros seraient alloués à la transition numérique des «très petites entreprises» (TPE, les sociétés comptent moins de 10 salariés pour un chiffre d’affaires annuel et un bilan qui ne dépassent pas les 2 millions d’euros) et des «petites et moyennes entreprises» (PME, les sociétés qui comptent moins de 250 salariés et présentent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 50 millions d’euros ou un bilan annuel situé en dessous de 43 millions d’euros).
Le gouvernement a également évoqué ces dernières semaines des aides à l'export et des simplifications administratives pour accélérer la reprise de l'activité, relève encore l'AFP.
30 milliards pour l'écologie
Quant à la transition écologique, un budget de 30 milliards a été détaillé. Les transports bénéficieraient de 11 milliards d'euros, dont 4,7 milliards d'euros affectés à la SNCF afin de re-développer le fret ferroviaire, en particulier la ligne Perpignan-Rungis, les petites lignes et deux lignes de trains de nuit. Le reste ira à un plan vélo et aux transports publics.
Par ailleurs, près de sept milliards d'euros seraient mobilisés pour la rénovation énergétique des bâtiments : quatre milliards pour les bâtiments publics (écoles, université, etc.) et deux milliards pour les ménages via la prime Maprimerénov' qui serait accessible à tous les ménages, sans plafond de revenus, à partir du 1er janvier 2021. «Le gouvernement veut notamment viser les rénovations globales, plus efficaces en terme d'économie d'énergie, ainsi que les bailleurs et les copropriétés, là où les travaux sont les plus difficiles à déclencher», explique l'AFP.
Neuf milliards seraient affectés à l'accompagnement des entreprises dans leur transition énergétique, notamment via la recherche et l'innovation, dont deux milliards pour développer l'hydrogène «vert», c'est-à-dire non issu des hydrocarbures.
Le développement d'une agriculture «plus durable» et d'une alimentation «plus saine» bénéficierait d'aides de 1,2 milliard d'euros. 300 millions d'euros iraient à l'accélération de la rénovation des réseaux d'eau, en particulier outremer.
35 milliards pour la cohésion sociale et territoriale
Enfin, la cohésion sociale et territoriale se voit allouer la somme de 35 milliards, répartie sur plusieurs volets.
Un plan pour l'emploi des jeunes, doté de 6,5 milliards d'euros comprend notamment l'aide de 4 000 euros pour toute embauche d'un jeune de moins de 25 ans pour un contrat de trois mois minimum, les primes pour l'embauche de jeunes en alternance, les contrats d'insertion ou le service civique étendu.
Un «bouclier anti-chômage» sera déployé via l'activité partielle de longue durée (6,6 milliards) et un renforcement des moyens du dispositif FNE-Formation, axé notamment sur les secteurs d'avenir (un milliard).
5,2 milliards d'euros pourraient soutenir l'investissement des collectivités. Environ six milliards d'euros iraient droit au soutien à l'investissement des hôpitaux. L'augmentation de 100 euros de l'allocation de rentrée scolaire représente environ 500 millions d'euros. Le plan «pauvreté et anti-exclusion» serait doté de 200 millions d'euros supplémentaires. 350 millions iront financer la rénovation de ponts en danger sur les territoires.