«Ce sera plus que les 115% [du PIB] très certainement», a déclaré dimanche 24 mai Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, à propos de la dette de la France, dans l'émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
Cette proportion de l’endettement de l’Etat était prévue dans le dernier budget rectificatif, mais elle devrait logiquement augmenter sous le poids de nouvelles mesures de sauvegarde de secteurs entiers de l’économie française. Elle pourrait également être affectée par une baisse des recettes fiscales plus importante que prévue, en raison de la chute de l’activité économique en 2020, encore difficile à mesurer exactement.
Le ministre s'est d’ailleurs refusé à donner une estimation plus précise mais, en veine de pédagogie, il a expliqué : «La dette, c'est à la fois les dépenses que l'on fait, et on en fait beaucoup, et les recettes qu'on n'a pas. Dans cette crise il y a une sorte d'effet ciseau, vous dépensez plus et vous avez moins de recettes fiscales parce qu'il y a moins d'activité.»
«Ce qui est certain, c'est que nous avons choisi l'endettement, qui est préoccupant, contre la faillite qui aurait été désastreuse», a-t-il ajouté.
Interrogé sur les solutions envisagées par le gouvernement pour rembourser cette dette, le ministre a exclu toute hausse d’impôts car, «on découragerait les entreprises, les salariés à consommer, à investir». Autre possibilité : réduire drastiquement les dépenses de l’Etat. Mais cette solution a elle aussi été écartée car, «au moment où il faut faire un plan hôpital et revaloriser les infirmier, les infirmières, au moment où il faut soutenir l'économie, ce ne serait pas raisonnable», selon Gérald Darmanin. Le gouvernement s’en remet donc à un redémarrage de l’activité économique (qui augmenterait les recettes fiscales).
Lors de cette émission, le ministre a aussi annoncé de nouvelles mesures de soutien aux secteurs d’activité les plus touchés par les mesures prises pour ralentir la propagation du coronavirus. Elles prendront la forme d’exonérations de cotisations sociales pour un montant estimé à 3 milliards d'euros et devraient concerner «près de 500 000 entreprises».
Les secteurs les plus touchés : tourisme, restauration, hôtellerie, culture et sport
Gérald Darmanin a énuméré ces secteurs : tourisme, arts et spectacles, restauration, hôtellerie, culture et sport. En dehors de ces secteurs, les sociétés ayant demandé le report de leurs cotisations sociales pourront étaler leur paiement sur une période pouvant atteindre 36 mois.
Interrogé le même jour sur BFMTV, le patron du Modem François Bayrou, allié de la majorité, a estimé que «la dette créée par le coronavirus [devait] être traitée différemment». «Il faut l'isoler, la cantonner [et] ne pas en profiter pour [la] mélanger avec des dettes antérieures », a-t-il plaidé.