«Si Rosneft Trading n'a rien à voir avec le Venezuela, alors les sanctions qui sont basées sur sa conduite au Venezuela ou à l'égard du Venezuela devraient être levées», a déclaré le 2 avril, en conférence de presse, le représentant spécial des Etats-Unis pour le Venezuela, Elliott Abrams.
Un «deuxième responsable américain» cité par l’agence Reuters et parlant sous couvert d'anonymat a ajouté que la levée des sanctions pourrait être étendue à TNK Trading, autre filiale de Rosneft basée à Genève.
Washington a en effet sanctionné entre février et mars ces deux entreprises du groupe Rosneft contrôlé par le gouvernement russe, mais dont une filiale de British Petroleum et un fond d’investissement qatari détiennent respectivement 19,75% et 18,93% du capital.
Rosneft Trading avait été sanctionné en février et TNK Trading en mars, pour avoir violé des sanctions extraterritoriales américaines en servant d'intermédiaire à la compagnie pétrolière d'Etat vénézuélienne Petroleos de Venezuela (PDVSA). Cette dernière avait elle-même été placée en 2019 sous sanctions américaines, dans le cadre des tentatives de l'administration Trump de renverser le président Nicolas Maduro, qu'elle qualifie de «dictateur».
Le 28 mars, Rosneft a annoncé dans un communiqué la fin de ses activités au Venezuela et la vente de tous ses actifs dans ce pays à une «société détenue à 100% par l’Etat russe». Il s’agit vraisemblablement de Roszarubezhneft, nouvelle entreprise 100% publique russe, dotée d’un capital de quatre milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) dont la création a été annoncée le jour même.
Roszarubezhneft, un nouveau géant pétrolier russe
Par ailleurs, des cargos pétroliers, affrétés par Rosneft et qui mouillaient depuis des semaines au large des côtes Vénézuéliennes, sont repartis à vide pour une destination inconnue.
Ces mouvements complexes ont fait suite à une conversation téléphonique entre les présidents russe et américain Vladimir Poutine et Donald Trump, en début de semaine, pour tenter de trouver une issue à la crise de surabondance de l’offre pétrolière sur les marchés mondiaux qui a provoqué l’effondrement des cours du brut.
Or, cette chute des cours de brut de référence comme le WTI américain est potentiellement mortelle pour l’industrie américaine du gaz et du pétrole de schiste, dont plusieurs grosses entreprises sont au bord de la faillite, avec potentiellement des centaines de milliers d’emplois perdus à la clé.
Depuis, le président américain enchaîne les déclarations sur les résultats de ses pourparlers avec Vladimir Poutine et le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane. Il semble avoir réussi à convaincre les membres de l’alliance informelle OPEP+ (qui réunit les membres de l’OPEP et les pays producteurs non membres du cartel, Russie en tête) de débattre d’une possible réduction de l’ensemble de leur production de l’ordre de 10 millions de barils par jour.
Elle pourrait atténuer les effets de la pandémie mondiale de Covid-19 qui a également contribué à l’effondrement des cours du pétrole.