Economie

Aux Etats-Unis, la crise sanitaire fait exploser les chiffres du chômage et de la pauvreté

Les mesures prises pour endiguer la propagation du coronavirus ont provoqué une énorme vague de licenciements aux Etats-Unis. Les services chargés de recueillir les demandes d’allocations chômage ainsi que les soupes populaires sont submergés.

Le nombre d'Américains déposant des demandes d'allocations de chômage a atteint jeudi 2 avril un record à 6,65 millions, après 3,3 millions la semaine précédente en raison d’une vague de licenciements causés par les mesures prises pour contenir la pandémie de coronavirus. 

Au pire moment de la crise financière de 2008-2009, les déclarations hebdomadaires de perte d'emploi ne dépassaient pas 650 000. Les économistes de la Fed, la Banque centrale des Etats-Unis, viennent même d'annoncer que la première économie mondiale pourrait perdre jusqu'à 47 millions d’emplois, ce qui se traduirait par un taux de chômage de 32%.

Ce mouvement marque un brutal coup d’arrêt à la plus longue période de créations d’emplois aux Etats-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est aussi un indicateur fiable et immédiat de la tendance économique et indique très nettement une récession. 

Les économistes interrogés par l’agence Reuters prévoient une hausse continue des demandes hebdomadaires pour atteindre quatre millions de chômeurs. Gregory Daco, économiste en chef chez Oxford Economics à New York va jusqu’à prédire «la plus forte contraction économique jamais enregistrée avec la plus forte flambée de chômage de tous les temps [aux Etats-Unis]».

Le département du Travail a déjà confirmé que la hausse récente du chômage avait éclipsé les records atteints pendant la crise financière de 2007-2009 au cours de laquelle 8,7 millions d'emplois ont été perdus.

Les licenciements ont été particulièrement nombreux dans l’hôtellerie et la restauration, les soins es divertissements et les loisirs, le transport et la logistique et l’industrie. La situation est telle que les services chargés de recueillir les déclarations de pertes d’emplois ont été submergés et qu’il faudra attendre de trois à quatre semaines pour percevoir le chèque de 1200 dollars promis par l’administration fédérale.

Et la situation ne devrait pas s’arranger rapidement si l’on en croit Mark Zandi, économiste chez Moody's Analytics cité par Reuters qui redoute «des millions de pertes d'emplois […] dans les semaines à venir ».

Cette situation a des répercussions dramatiques pour les plus pauvres en particulier à New York.
Interrogé par Anne Corpet, correspondante à Washington de Radio France International (RFI),  Eric Ripert, vice-président du conseil d'administration de l’association caritative City Harvest et propriétaire du célèbre restaurant Le Bernardin, fermé lui aussi déclare : «Il y avait avant 1,2 million de personnes à New York qui avaient besoin d'aide pour la nourriture. En ce moment c'est trois fois plus, c'est plus de trois millions de New-Yorkais.»