En temps de crise, l'heure est à la solidarité, comme l'ont déclaré plusieurs chefs d'Etat s'adressant à leurs compatriotes, dont Emmanuel Macron. Qu'en est-il de la solidarité au niveau international ? Le président russe Vladimir Poutine a proposé un moratoire sur les sanctions économiques frappant plusieurs pays dont le sien en raison de la crise économique provoquée par la propagation du coronavirus. «Dans l'idéal, il faudrait introduire un moratoire commun sur les restrictions concernant les biens essentiels et les transactions financières pour leur achat», a déclaré Vladimir Poutine dans le cadre de son discours au sommet des pays du G20.
«Après tout, c'est une question de vie ou de mort des gens, une question purement humanitaire», a poursuivi le chef de l'Etat russe, estimant que les guerres commerciales et les sanctions aggravent la crise née du Covid-19. Il a aussi proposé de créer des «couloirs verts à l'abri des guerres commerciales et des sanctions» afin de permettre l'approvisionnement en médicaments, produits alimentaires, équipements et technologies.
L'économie russe, sous pression des sanctions économiques occidentales depuis le conflit en Ukraine de 2014, a été fortement touchée par la crise mondiale causée par la pandémie, en raison en particulier de la chute du prix du pétrole et par ricochet de celle du rouble. Or ce n'est pas uniquement pour défendre les intérêts russes que Vladimir Poutine s'est exprimé à l'occasion du sommet du G20. La Russie avait déjà à de nombreuses reprises dénoncé les sanctions économiques unilatérales prises notamment contre des pays comme l'Iran, la Syrie ou encore le Venezuela.
L'ONU appelle à suspendre les sanctions sur fond d'épidémie
C'est d'ailleurs la Haut-Commissaire de l'Organisation des Nations unies aux droits de l'Homme Michelle Bachelet qui a demandé, dans un communiqué publié le 24 mars, que les sanctions internationales frappant l'Iran et d'autres pays comme le Venezuela, Cuba, la Corée du Nord ou le Zimbabwe soient «assouplies ou suspendues» en cette «période cruciale» de pandémie de Covid-19, qui a déjà fait plus de 18 000 morts à l'échelle mondiale. Ces pays font l'objet de lourdes sanctions économiques imposées par les Etats-Unis (dont le nom ne figure pas dans le communiqué) et leurs alliés.
Selon Michelle Bachelet, ces sanctions économiques et commerciales «doivent être réévaluées de toute urgence dans les pays faisant face à la pandémie de coronavirus, en raison de leur incidence potentiellement négative sur le secteur de la santé et sur les droits de l'homme». «Il est nécessaire d'appliquer des dérogations vastes et pragmatiques pour raison humanitaire face à ces sanctions, et d'accorder des autorisations rapides et flexibles pour obtenir les fournitures et équipements médicaux essentiels», a déclaré la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme. Et d'ajouter : «En cette période cruciale, tant pour des raisons de santé publique mondiale que pour appuyer les droits et la vie de millions de personnes dans ces pays, les sanctions sectorielles doivent être assouplies ou suspendues.
Dans ce contexte de pandémie mondiale, entraver les efforts médicaux dans un pays accroît les risques pour nous tous.» «Il est primordial d'éviter l'effondrement du système médical de tout pays, compte tenu de l'impact explosif que cela aura sur le nombre de décès, la souffrance et la contagion généralisée», a-t-elle enfin insisté.