Economie

Muriel Pénicaud fustige le «défaitisme» d'un syndicat du BTP ayant appelé à l'arrêt des chantiers

Alors que la vie économique peine à s'adapter aux règles de confinement, la ministre du Travail s'est indignée de ce qu'elle a qualifié comme défaitisme d'un syndicat d'artisans qui demande l'arrêt de la plupart des chantiers pour raison de sécurité.

«Je suis scandalisée de voir qu'hier la fédération du Capeb a écrit à tous les artisans d'Auvergne Rhône-Alpes en leur disant : "Arrêtez tous les chantiers"», c'est par ces mots que la ministre du Travail Muriel Pénicaud, a condamné sur LCI les agissements de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) qui souhaite stopper les chantiers non essentiels, pour raison de sécurité liée au Covid-19. 

«Quand un syndicat patronal dit aux entreprises : "Arrêtez d'aller bosser, arrêtez de faire vos chantiers", ça c'est du défaitisme», a martelé la ministre. «On a besoin de tout le monde sur le pont», a-t-elle ajouté.

«Evidemment il faut protéger les salariés, mais on trouve des solutions», a-t-elle par ailleurs estimé. 

Le syndicat, qui domine l'artisanat du bâtiment, milite en effet pour que l'exécutif décrète l'arrêt temporaire des chantiers «à l'exception des travaux urgents [et] dépannages» et délivre« une attestation [de déplacement] adaptée aux salariés du BTP».

«Les propos que vous avez tenus [...] sont scandaleux», a répliqué, dans une lettre ouverte à la ministre, Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), principale organisation du secteur.

Les propos que vous avez tenus [...] sont scandaleux

«Plutôt que de jeter l'opprobre sur tout un secteur, en l'accusant dans les médias de désertion, efforçons-nous de trouver ensemble une ligne claire et cohérente», a-t-il poursuivi. «Et vite.»

Le secteur du bâtiment est confronté à de fortes difficultés depuis le confinement général des Français décidé par le gouvernement, notamment en raison de l'annulation de chantiers, la fermeture de certains de leurs fournisseurs et le manque d'équipements de protection contre le coronavirus. 

De son côté, le gouvernement ne souhaite pas inclure le secteur du bâtiment dans sa prise en charge de l'indemnisation des employés contraints au chômage partiel par l'arrêt de leur activité. 

«Il est bien évidemment admis que les personnes qui exercent une activité qui les oblige à [...] travailler en extérieur – chantiers de bâtiments et travaux publics notamment – doivent la poursuivre», soulignait le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, dans un courrier adressé en mars aux préfets et diffusé par l'AFP. Le même jour, une réunion entre des membres du gouvernement et les principales fédérations du BTP (la Capeb, la FFB et la FNTP) n'a pas abouti à un accord satisfaisant pour les professionnels.